Interview/Gilles Latran Ngabangui : « Quand nous écoutons les jeunes, ils ont un sentiment d’abandon »

Lundi 21 Décembre 2020 - 17:08

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Conseiller départemental et municipal de Brazzaville, Gilles Latran Ngabangui est l’initiateur de la campagne de proximité sur la lutte contre la délinquance juvénile, lancée le 10 octobre dernier. Dans une interview accordée à la presse, l’élu du 9e arrondissement, Djiri, fait le bilan à mi-parcours de cette opération qu’il mène conjointement avec Marlin Dominique Okemba et Gerry Mbimba, au nom des plus jeunes conseillers municipaux.

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Vous menez depuis octobre dernier une campagne de sensibilisation et de conscientisation des jeunes afin de trouver des approches de solutions au phénomène de « Bébés noirs et Koulouna ». Quel bilan faites-vous à mi-parcours après avoir parcouru les arrondissements 9 Djiri, 5 Ouenzé, 4 Moungali, 2 Bacongo et 3 Poto-Poto ?  

Gilles Latran Ngabangui (G.L.N) : Nous avons lancé cette initiative justement pour sensibiliser la population, la rencontrer et parler des activités de la mairie. Au cours de ces descentes, nous avons constaté que les Brazzavilloises et les Brazzavillois ont presque les mêmes problèmes (insécurité, manque d'emploi, d'électricité). Bref, les populations nous ont demandé d’emmener au plus haut niveau leurs préoccupations relatives à l’amélioration de la qualité de vie.

Brazzaville étant en pleine extension, la population demande qu’on puisse aménager des routes pour rendre la circulation plus fluide. Il y a beaucoup de commerces qui nécessitent de l’électricité, donc ils veulent avoir un courant stable. Nous avons des jeunes qui veulent se lancer dans les nouvelles technologies. Pour permettre à notre pays d’avancer, il faut que la population puisse avoir ces services vitaux.

L.D.B : Qu’est-ce que les jeunes vous disent concrètement concernant leur devenir ?  

GLN : Quand nous écoutons les jeunes, ils ont un sentiment d’être délaissés, un sentiment d’abandon. Ce sont des jeunes édifiés dont certains ont bénéficié de formations dans les grandes écoles du pays. Se disant être capables d’apporter un plus au pays, ces jeunes déplorent le fait que l’Etat ne met pas en valeur leurs compétences. En effet, ils rêvent de la musique, de la culture, le sport. A Moungali par exemple, il y a un jeune qui nous a interpellé sur le fait que certaines infrastructures sportives construites dans le cadre des 11e Jeux africains ne sont toujours pas ouvertes au public. Nous avons des jeunes qualifiés mais il leur manque de l'emploi.

L.D.B : A quoi ces jeunes peuvent-ils s’attendre au terme de votre campagne de sensibilisation ?

G.L.N : L’objectif de nos descentes est de pouvoir rencontrer les jeunes afin d’essayer de définir une politique les concernant pour les années à venir. C’est vrai que le travail n’est pas facile, mais notre vision est de dire à ces jeunes que nous pouvons réussir ensemble, il y a une possibilité pour que cette jeunesse puisse émerger. En notre qualité d’élus, nous avons cette possibilité d’emmener leurs préoccupations aux autorités compétentes, leur expliquer que si nous respectons la ligne demandée par la jeunesse, l’Etat aura tout à gagner. Avec notre casquette d’élus, nous pouvons aller discuter avec le gouvernement parce que c’est pour le bien de la population.

L.D.B : Etes-vous confiants que votre message est bien capté par vos interlocuteurs ?

G.L.N : Je peux vous confirmer que le message ne se véhicule pas seulement à Brazzaville. Même dans d’autres départements du pays, certains jeunes nous demandent d’organiser les mêmes campagnes à Pointe-Noire et à Dolisie. Par exemple, il y a des jeunes qui ont raté l’activité de Ouenzé mais qui nous ont suivis à Moungali parce qu’ils voulaient que nous les écoutions. C’est en cela que je me suis rendu compte que ce que nous faisons est nécessaire et que nous devons continuer.

L.D.B : Comptez-vous arrêter à ces cinq arrondissements ou bien la campagne va se poursuivre jusqu’en février prochain comme prévu ?

G.L.N : Nous allons faire tous les arrondissements. Nous avons même changé notre méthode de travail parce que nous nous sommes rendu compte que nous ne touchons pas toute la population dans certains arrondissements. Nul n’est parfait, nous apprenons tous les jours. Nous allons conduire notre initiative jusqu’au bout.

Propos recueillis par Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le conseiller Gilles Latran Ngabangui ; Gilles Latran Ngabangui entouré de Marlin Dominique Okemba et de Gerry Mbimba/Adiac

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