Jean-Baptiste Malenge-Kalunzu, prêtre et journaliste

Jeudi 20 Mars 2014 - 23:15

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Originaire de RD-Congo, il vient de publier aux Éditions Baobab de Kinshasa Jésus au bout du clic. Entretien

Jean-Baptiste Malenge-Kalunzu, prêtre et journalisteIl y a des évidences qu’il faut bien rappeler, affirme Jean-Baptiste Malenge-Kalunzu : il n’y a pas d’incompatibilité à être prêtre, africain et journaliste ! Et il n’y a aucune compétence à parler, en bien ou mal, des médias modernes, à vouloir s’en servir à tout prix si l’on y est pas formé. Le monde d’aujourd’hui pousse à maîtriser les technologies nouvelles pour mieux s’en servir, même au sein d’une Église catholique pourtant bien outillée.

Les Dépêches de Brazzaville : Jésus au bout du clic, titre curieux et pourtant très parlant !
Jean-Baptiste Malenge-Kalunzu : Jésus au bout du clic, c’est en fait la suite d’un premier ouvrage paru il y a vingt ans très exactement, en 1994, et que j’avais intitulé Jésus au micro. Il avait comme sous-titre : « L’Église appelée à la communication ». Donc, logiquement, mon dernier ouvrage a pour sous-titre : « L’Église répond à la communication ». Entre 1994 et 2014, la technologie a évolué. Nous avons maintenant l’internet même en Afrique, chez nous. Avec ces nouvelles technologies, il faut une nouvelle pratique, une nouvelle pensée pour mieux mener l’action. Et pour voir comment nous pouvons mieux vivre avec les moyens de communication et comment, en Église, nous pouvons évangéliser la culture des médias, mieux affronter la nouvelle culture qui se crée avec ces moyens de communication sociale. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mieux aborder les questions éthiques et déontologiques qu’ils amènent.

Donc, communiquer toujours et toujours ?
Communiquer la parole de Dieu, la foi. C’est cela qui est le plus important.

Vous insistez sur la formation aux médias, et votre livre insiste sur la formation des évêques aux médias. C’est un saut de qualité ! En règle générale on commence par apprendre par la base, mais pas par le sommet, non ?
C’est fondamental. C’est l’enjeu primordial ; il faut se former, tous ! Pas nécessairement devenir tous des journalistes ou des communicateurs, mais acquérir une culture, de la base au sommet et du sommet à la base. La communication à laquelle je fais allusion dans l’ouvrage est celle que dispense le Centre de recherche et d’éducation en communication auquel j’appartiens, fondé en 1971 à Lyon, en France, par le Père Pierre Babin. Cette formation vise à amener les membres de l’Église, tout le monde en fait, à être éclairés pour vivre mieux l’Évangile dans cette culture créée par les moyens de communication sociale.

Pour former, il faut avoir été soi-même formé. Les évêques africains partagent-ils la prise de conscience pour la formation impérative aux médias ?
Non ! C’est justement pour cela qu’il faut les former et commencer par leur rappeler l’enseignement de l’Église depuis le concile Vatican II jusqu’aux deux synodes africains organisés au Vatican en 1994 et en 2009. Ils ont pour tâche d’enseigner la parole de Dieu parce qu’ils sont communicateurs, à l’exemple de Jésus-Christ, parfait communicateur. Il faut leur rappeler sans cesse que l’Église est communication. Cela demande d’apprendre la communication. C’est pourquoi on doit les aider à se rappeler cet enseignement constant de l’Église catholique, les aider à bâtir des plans de communication dans leurs diocèses, puis les aider à soutenir les médias qu’ils ont parfois créés en oubliant de les soutenir. Il faut susciter cette capacité qui est en eux, mais qu’ils ont tendance à oublier d’enseigner et de communiquer. La couverture du livre montre un évêque prenant un déplacé en photo dans un camp à Dongu, en RD-Congo.

Beaucoup d’évêques s’empressent de monter des structures de communication, mais ne savent pas les animer par la suite !
Il ne faut surtout pas critiquer cet enthousiasme, il faut le saluer ! Des journaux, des radios catholiques, des sites internet, on en a besoin. En RDC, nous comptons aujourd’hui 36 radios catholiques et 5 stations de télévision. Mais je dois reconnaître, et là je vous rejoins, qu’il y a toujours un manque visible de professionnalisme. C’est pourquoi un suivi s’impose pour accompagner les créations enthousiastes. Nous aidons désormais les structures des médias de l’Église catholique à commencer par maîtriser le b.a.ba des règles, par exemple savoir comment acquérir une autorisation à émettre. Jésus est aujourd’hui résolument au bout du clic. Et ce clic c’est celui d’un appareil-photo, d’une souris d’ordinateur ou du glissement du doigt sur une tablette numérique. Tout ce qui nous arrive, toute cette technologie doit nous trouver dans un esprit tel que nous soyons capables de dominer cela et de voir ce que cela nous apporte dans la vie en société et dans la vie de foi.

Propos recueillis par Lucien Mpama