Jennifer Batu : « Je veux gagner d’autres titres pour le Congo »

Samedi 19 Septembre 2015 - 12:45

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Arrivée deux jours avant la compétition, Jennifer Batu a su aller chercher le bronze au lancer de marteau féminin avec un lancer à 62m13. La jeune athlète licenciée à Franconville, en France, a découvert le Congo de ses parents à l’occasion des Jeux. Pour Les Dépêches de Brazzaville, elle raconte son tournoi et dévoile ses ambitions.

Les Dépêches de Brazzaville : Jennifer Batu, médaillée de bronze du lancer de marteau de ces Jeux africains, ça sonne bien.

Jennifer Batu : (grand sourire) Oui, ça sonne très bien.

LDB : Raconte ton arrivée à Brazzaville, pour ce qui est ton premier séjour ici au Congo

J.B : Je suis arrivée le week-end dernier (ndlr : le samedi 12 septembre), à l’avant-veille de la compétition. J’ai donc surtout consacré mon temps au repos. Ce n’était pas des conditions optimales pour concourir au haut niveau, mais ça ne s’est pas trop mal passé. Sinon, au niveau personnel, c’est effectivement la première fois que je viens au Congo et j’ai été très agréablement surprise par ce que j’ai vu, que ce soient les infrastructures sportives ou la ville en elle-même.

LDB : Et ce concours du marteau, comment s’est-il déroulé ?

J.B : Au niveau physique, c’était un peu plus aléatoire car je me suis blessé fin août, donc j’ai subi des infiltrations et j’ai dû faire l’impasse sur les entraînements et me concentrer sur la musculation. Dans notre sport, avec deux ou trois jours sans contact avec le marteau, on perd beaucoup de sensations. Avant d’arriver, je n’avais qu’une semaine d’entraînements dans les jambes. Cette médaille, je suis allée la chercher au mental, devant ce public brazzavillois.

LDB : Au mental, tu accroches le bronze et tu bats ton record personnel de trois mètres. C’est plutôt bien pour un retour de blessure.

J.B : Oui, je le bats d’un peu plus de trois mètres et ça me fait gagner pas mal de place au classement mondial (ndlr : 163e mondiale, elle a gagné 50 points). En Europe, je concours encore en junior, donc cette médaille chez les séniors me donne beaucoup d’ambitions pour la suite, y compris les Jeux olympiques.

LDB : Il y a deux ans, tu avais été approchée pour participer aux championnats d’Afrique d’athlétisme, sans que cela se concrétise…

J.B : Et les championnats du monde. Effectivement, je m’étais manifestée auprès de l’ambassade du Congo à Paris pour porter les couleurs du Congo. J’avais fait les minimas qui me permettaient d’intégrer l’équipe de France, mais je n’avais pas envie. Pour moi, ça a toujours été clair : je voulais défendre les couleurs du Congo. En France, on me dit que je suis une étrangère… bon, c’est vrai qu’ici, on me dit que je suis de la diaspora (rires), mais tant pis, moi, je suis Congolaise et je veux gagner d’autres titres pour le Congo.

LDB : Quelles perspectives pour toi désormais ?

J.B : D’abord les championnats d’Afrique, l’an prochain en Afrique du Sud et atteindre les minimas qualificatifs pour les Jeux de Rio. Ça me semble faisable. Après, je n’irai pas aux Jeux pour gagner, mais pour progresser. Je suis encore une jeune athlète (ndlr : elle aura 22 ans le 24 octobre) et je me fixe un but : les Jeux de Tokyo 2020.

LDB : L’athlétisme congolais est sauvé du néant par les trois médailles de Franck Elemba et toi, qui êtes tous deux licenciés à Franconville. Vous êtes proches ?

J.B : On se connait bien, puisqu’au début, on avait les mêmes entraîneurs. On était souvent en stage et en compétition ensemble. Après, j’ai changé de coach, puisque je m’entraine désormais à l’Insep (ndlr : Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) avec le coach de l’équipe de France. On continue de se voir de temps en temps pour les compétitions. Franconville est le meilleur club de France et est finaliste des championnats d’Europe interclubs.

LDB : Vous êtes tous les deux jeunes et représentez l’avenir de l’athlétisme congolais. Pour poursuivre votre progression, de quel soutien avez-vous besoin ?

J.B : J’ai déjà, comme Franck, été soutenu dans la préparation de ces Jeux. Et pour aller plus haut, il faudrait que ça continue. Sans forfanterie, nous sommes deux athlètes à très gros potentiel, que Franck confirme déjà avec sa présence aux Mondiaux et des prestations à plus de 20 mètres. Il peut faire quelque chose de bien à Rio et à Tokyo. Je veux le rejoindre dans l’élite mondiale et donner du bonheur au public congolais.

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Première venue au Congo et première médaille pour Jennifer Batu, qui ne compte pas s'arrêter là (crédits photo adiac)

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