Journée internationale des droits des femmes: ces Congolaises qui font la fierté de la diaspora

Vendredi 8 Mars 2019 - 17:00

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Il est presque acquis que toute Congolaise, loin de son pays natal, constitue un motif d'orgueil pour le maintien du socle familial à l’étranger. Au lendemain du 8 mars, l’espace d’un article, Les Dépêches de Brazzaville dressent le portrait de cinq d’entre elles.

Rhode Bath-Schéba Makoumbou, artiste-peintreRhode Bath-Schéba Makoumbou, artiste-peintre 

Installée à Bruxelles, elle excelle dans la création artistique après avoir été initiée à la peinture par son père, le peintre David Makoumbou, depuis sa tendre enfance.

Son engagement d’une trentaine d’années dans la peinture lui permet de mettre surtout en valeur toutes les activités sociales de la femme africaine. Dans ses toiles peintes à l’huile, elle utilise généralement le couteau. La variété de ses œuvres s’illustre dans le style réaliste, expressionniste et cubiste.

Depuis 2002, elle a créé de nombreuses sculptures, dans une matière composée de sciure et de colle à bois sur une structure métallique, représentant les métiers des villages qui tendent à disparaître.

De toutes tailles, certaines ont plus de trois mètres de haut ! En témoigne la sculpture hommage à Patrice Lumumba exposée à Bruxelles.

Elle participe à l’exposition collective du 9 mars à Boitsfort, à l'occasion de la Journée internationale des femmes.

Kezi Niangi Willys, artiste plasticienne diplômée de l’école des Beaux-Arts de KinshasaKezi Niangi Willys, artiste plasticienne diplômée de l’école des Beaux-Arts de Kinshasa

A moins de 30 ans, Kezi Niangui Willys évolue en phase avec sa société, privilégiant l’être humain et ses rapports avec l’autre et la société. Installée dans la région parisienne, calme et engagée de par sa démarche artistique et intellectuelle, elle se détache des autres artistes congolais, qu’ils soient plasticiens ou musiciens.

Ses dessins aux couleurs vives sont réalisés sur des sachets de courses en papier kraft, sur lesquels s’entrechoquent des hashtags, marques de luxe, parures, corps sexuels offerts, « Destination bonheur », jetés comme autant d’affirmations consuméristes et dictatoriales.

Sa vision de la société est d’être le gardien et la mémoire des us et coutumes qui tendent de nos jours à disparaître. Elle questionne les clichés féminins véhiculés sur les réseaux sociaux par les femmes elles-mêmes, croisant des saynètes humoristiques inspirées des photographies trouvées sur les profils internet qu’elle suit, avec des souvenirs du Congo où elle a grandi et des portraits de ses hommes politiques. Elle prétend décrire dans ses œuvres, par le biais de l’art, « ce qui va ou ne va pas … ».

Elle peint les supplices et les sévices de la « Femme violée ». Elle peint les attraits des lumières occasionnées par les réseaux sociaux, l’évolution technologique qui supprime le lointain en le rapprochant du quotidien. La femme est prise dans cet engrenage du voyage, de l’immigration, pour vivre « le mieux ailleurs », au point de perdre son identité et mettre en scène sa fragilité politique et intime.

Sa dernière exposition à la Galerie Eric-Dupont, à Paris, l’année dernière, a été un véritable succès.

 

Loetitia Modzanga, créatrice du Magazine « Yaya Magazine » en Afrique du SudLoetitia Modzanga, créatrice de "Yaya magazine" en Afrique du Sud

C’est il y a trois ans, un 6 mars 2016, que la jeune femme talentueuse, après des séjours en France, au Burkina Faso et au Congo-Brazzaville, a posé ses bagages à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour lancer son magazine multiculturel en ligne et sur papier.

Son témoignage est une profession de foi. « Cela fait trois ans que je suis à la tête de la rédaction de "Yaya magazine" entre difficultés et joies. Je souhaiterai ici remercier les personnes qui, contre vents et marées, ont toujours démontré un soutien inconditionnel pour le travail de toute une équipe. Les personnes qui travaillent avec moi, et non pour moi, ainsi que moi-même, vous sommes très reconnaissantes pour vos encouragements. L’année 2018 a été vraiment une année de consécration car nous avons édité plus de numéros que les années précédentes, ... juste pour vous montrer notre détermination à faire toujours mieux … Continuez à nous suivre sur les réseaux sociaux et à nous encourager en lisant et achetant chaque numéro, et surtout à partager des invitations à découvrir "Yaya magazine" via Facebook, Instagram, Twitter et aussi Issuu ... Nous ne vous décevrons jamais ! … », déclarait-elle.

Joyce Nsana, artiste « AfroBluHop »

Joyce Nsana, artiste « AfroBluHop »

Installée au Canada, elle porte en elle une musique puissante, enrichie des diverses expériences de la jeune femme née au Congo-Brazzaville. 

Déjà enfant, elle accompagne ses parents musiciens à l’église. Là, elle forme sa voix en chantant des gospels. Alors qu’elle est encore adolescente, elle écrit, compose et chante ses propres créations. Parvenue à l’âge adulte, elle part étudier en France où elle se frotte à la scène à de nombreuses reprises. 

Joyce découvre le Québec à travers l’opération « Cégep en spectacle », à laquelle elle participe en 2009 puis en 2010. La jeune Congolaise en profite pour jouer, échanger et travailler avec des artistes canadiens. 

En 2011, elle joue notamment au festival "L’Afrique en fête" de Québec et au festival de reggae de Montréal. Depuis, elle se produit très régulièrement au Canada et particulièrement au Québec. Deux ans plus tard, Joyce N’Sana participe au concours " Le Syli d’or de la musique du monde 2013", parvenant en demi-finale. 

Elle qui aime voyager, découvrir, dit apprendre de toutes ses expériences. Une curiosité qui lui permet d’enrichir sa musique et de cultiver son talent jour après jour. Sa musique et sa voix captivante teintée d’une saveur soul, sont un mélange de gospel, reggae, jazz. C’est ce qu’elle appelle l’AfroBluHop. Ce style est apparu dans les années 2000 à travers la musique du groupe Waliyaan, ensemble de musiciens sénégalais, ivoiriens, français et portugais. Une « musique hybride, ancrée dans ses racines africaines », un mélange plein d’énergie qui correspond bien à la personnalité de Joyce. Cette dernière chante, d’ailleurs, en plusieurs langues : français ("Vanité"), anglais ("I do love you"), en créole, mais également en lari ou en lingala, deux langues parlées au Congo. 

Aujourd’hui, Joyce N’Sana n’en est encore qu’à ses débuts ; elle a toujours soif d’apprendre. Cette jeune chanteuse prometteuse parcourt le monde et multiplie les duos avec d’autres artistes. Elle prêche l’amour inconditionnel, l’estime de soi, le pardon et la force de dire non au mal et oui au bien. Elle parle des réalités de ce monde dans son patois “ghetto-roots” et ses jeux de mots multi-langues. Elle parle de balance parce qu’elle donne et reçoit.

Courant mars, elle participera au deuxième gala du Mois de l'histoire des Noirs à Laval, sous la présidence d'honneur de  Jocelyne Frédéric-Gauthier, conseillère municipale d'Auteuil, première Afro-Caribéenne conseillère municipale à Laval.

Inès Féviliyé est juriste, docteur en droit, enseignante-chercheuse à la faculté de droit de l'Université Marien Ngouabi de BrazzavilleInès Féviliyé est juriste, docteur en droit, enseignante-chercheuse à la faculté de droit de l'Université Marien-Ngouabi de Brazzaville

Depuis cinq ans, en 2014, la directrice de la Revue congolaise de droit et des affaires qu'elle a créée en 2009, diffuse le livre de référence des affaires au Congo, dans l'espace de l'Ohada, en France et au Canada.

Inès Féviliyé a commencé sa carrière d'enseignante-chercheuse en France, de 1993 à 2003, avant d'être juriste d'entreprise dans une grande société à Pointe-Noire, de 2006 à 2016.

Entre autres missions, elle y a initié et mis en place une politique en faveur des entreprises locales. Passionnée de littérature, elle a réalisé son rêve en ouvrant la librairie-galerie Primo, à Brazzaville, en 2014, dans le but de rendre accessibles les livres de droit aux étudiants, principalement, et faire découvrir et apprécier la littérature de tous horizons au grand public.

Inès Féviliyé est aussi conseillère juridique dans un grand ministère, membre de la commission nationale Ohada et de la Commission nationale des droits de l'homme.

Adepte des réseaux sociaux, elle joue le rôle d’influenceuse.

 

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Rhode Bath-Schéba Makoumbou, artiste-peintre Photo 2 : Kezi Niangi Willys, artiste plasticienne diplômée de l’école des Beaux-Arts de Kinshasa Crédit photo 2 : Delutu Photo 3 : Loetitia Modzanga, créatrice du Magazine « Yaya Magazine » en Afrique du Sud Photo 4 : Joyce Nsana, artiste « AfroBluHop » Photo 5 : Inès Féviliyé est juriste, docteur en droit, enseignante-chercheuse à la faculté de droit de l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville

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