Justice internationale: le bras de fer se poursuit entre la CPI et la Côte d'Ivoire sur le cas Simone Gbagbo

Jeudi 16 Octobre 2014 - 12:15

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Malgré l’engagement pris par les autorités ivoiriennes d’organiser le procès de Simone Gbagbo à la Cour d’assises d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, même à partir du 22 octobre, la Cour pénale internationale (CPI) vient de réagir, soulignant qu’elle ne renonce nullement à juger l’ex-première dame de Côte d’Ivoire à La Haye, aux Pays-Bas.

La CPI est allée plus loin pour rappeler aux dirigeants ivoiriens qu’elle a entamé de réelles procédures judiciaires contre Simone Gbagbo. Ces juges ont insisté sur cette démarche au détriment de la volonté affichée par la Côte d’Ivoire qui a transmis le jour de la date butoir du 10 octobre des documents exigés fin août par la Cour pour prouver l’existence d’une procédure judiciaire en Côte d’Ivoire visant l’épouse de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Dans ces documents, les autorités ivoiriennes ont prouvé leur volonté et leur capacité à mener à bien ce procès, en décidant par la même occasion d’accélérer les procédures engagées dans ce sens.

Pour la CPI, les documents fournis par la Côte d’Ivoire concernant cette affaire ne convainquent pas le bureau du Procureur. C’est fort de cela qu’elle estime que le procès de Simone Gbagbo, poursuivie dans son pays, « pour atteinte à la sûreté de l’Etat en Côte d’Ivoire » et non pour « crimes contre l’humanité » comme le réclame la CPI, ne fait pas obstacle à un autre procès à La Haye, où elle est visée comme son mari d’inculpation de crimes contre l’humanité. La justice internationale voudrait donc être convaincue par Abidjan sur le fait que la justice ivoirienne sera vraiment en mesure d’offrir à l’ex-Première dame un procès juste et équitable. Devant ce bras de fer, et en attendant la décision qui émanerait des uns et des autres en Côte d’Ivoire ou à La Haye, certains analystes pensent déjà que les dirigeants ivoiriens sont « en train de mettre les bouchées doubles pour éviter que Simone Gbagbo ne soit jugée devant la CPI ».

La CPI insiste sur la comparution de Simone Gbagbo aux Pays-Bas quelques jours seulement après qu’elle a fait savoir que son mari, Laurent Gbagbo, comparaîtra devant la Cour, le 4 novembre pour faire face à quatre chefs d’accusations pour crimes contre l’humanité découlant de son rôle présumé dans les violences post-électorales entre 2010 et 2011. Des violences qui s’étaient soldés par la mort de quelques 3000 personnes et à plus d’un million de déplacés.

Outre la Côte d’Ivoire, la CPI a ouvert des enquêtes dans huit pays africains depuis son entrée en fonction en 2003. Il s’agit notamment du Kenya, dont le président Uhuru Kenyatta a été le premier chef d’État en exercice à se présenter devant les juges de la CPI, le 8 octobre, de la Libye, du Soudan, de la RD-Congo, de la Centrafrique, de l’Ouganda et du Mali. Ce qui vaut des critiques à la cour, notamment de la part de l’Union africaine (UA) qui l’accuse de mener « une sorte de chasse raciale », notamment contre les Africains.

 

 

Nestor N'Gampoula