Justice : trois ans de prison requis contre les militants de Lucha

Samedi 22 Août 2015 - 15:15

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Pour les avocats des quatre prévenus, le grief d’incitation de la population au soulèvement contre le régime ne tient pas la route parce qu’inconstitutionnel et ils plaident pour leur acquittement. 

Le dossier judiciaire mettant aux prises le procureur général de la République à quatre militants de l'organisation Lutte pour le changement (Lucha) vient d’entrer dans sa phase décisive avec l’ouverture le  21 août du procès dans la ville de Goma, au Nord-Kivu. Après moult tergiversations, les accusés ont pu enfin se présenter devant la barre flanqués de leurs avocats. Cette première audience a été caractérisée par le réquisitoire sévère de l’organe de la loi qui a requis trois ans de prison ferme à l’encontre des accusés. Pour l’accusation, les faits mis à charge des prévenus étaient si graves qu’une peine à la mesure du forfait était susceptible à les dissuader de ne plus recommencer leur aventure.  

Tout était parti d’une marche organisée au mois d’avril à Goma par Lucha en guise de protestation contre la détention à Kinshasa de deux de leurs camarades arrêtés à Kinshasa dans la foulée d’une conférence pro-démocratie organisée de concert avec les mouvements « Balaie citoyen » et « Y’en a marre » respectivement du Burkina Faso et du Sénégal. Cette manifestation avait été assimilée à un soulèvement contre le régime en place. D’où les déboires subis par les quatre militants de Lucha dont les avocats ont stigmatisé le caractère inconstitutionnel de leur arrestation. Dans leur argumentaire, ils ont relevé le fait qu’il est utopique d’arrêter ou de condamner des pauvres citoyens pour le simple fait qu’ils ont exercé leur liberté de manifester garantie par la Constitution.

Pour la défense, le grief d’incitation de la population au soulèvement contre le régime ne tient pas la route pour autant que les organisateurs de la marche aient pris la précaution de saisir par voie épistolaire la mairie et les autorités pour leur informer de la tenue de la marche. Et d’ajouter qu’il s’est agi simplement d’un rassemblement pacifique pour demander la libération de deux amis militants détenus à Kinshasa, sans aucune connotation politique. Un argumentaire vite balayée par l’accusation qui, de son côté, soutient que la correspondance à laquelle font allusion les avocats de la défense est dépourvue d’accusé de réception, preuve que les autorités de la ville n’avaient pas été saisies de l’organisation d’une quelconque marche.

Entre-temps, la secrétaire du maire qui était censée départager les uns et les autres sur cette controverse avait brillé par son absence au procès, compliquant ainsi la donne. Affaire à suivre.  

Alain Diasso

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