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Mercredi 2 Octobre 2013 - 19:45

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Compagnon de Jacques Loubelo à la création du groupe Les Cheveux crépus, pendant leur exil en Europe, Kazis Kinouani Nzenzé témoigne sur celui qui fut son ami et frère durant près d’un demi-siècle

Les Cheveux crépus en 1964 avec, de gauche à droite, Massamba de Coster, Kinouani Kazis, Jacques Loubelo, Prosper Nkouri, Maxime Kibongui.Malgré le chagrin qui l’accable après la mort de Jacques Loubelo, le 25 septembre dernier à Brazzaville, Kazis Kinouani Nzenzé, le cœur gros, a livré ses impressions sur la vie et le parcours musical de l’icône congolaise de la chanson à texte. 

« Le groupe des Cheveux crépus a été créé en 1964 au mbongui Eugène-Kakou, à Bacongo, au cours d’une soirée qui a rapporté à la trésorerie du bar 14 700 FCFA pour des billets d’entrée vendus au guichet à 100 et 50 FCFA. Jacques Loubelo, Maxime Kibongui, Rémi Mouninguissa, Kinouani Kazis et Massamba de Coster sont les créateurs du groupe qui va se produire dans presque tous les grands bars de la place en récoltant à chaque sortie un grand succès. »

En dépit de leur succès, Rémi Mouninguissa quitte le groupe et sera remplacé par Propser Nkouri. À la veille de leur voyage au Cameroun, en 1969, Sammy Massamba les rejoint. « À bord du dernier bateau Mermoz, nous sommes allés au Cameroun où le groupe a fait un succès. Ce qui nous a permis de préparer notre voyage pour la France », se souvient Kazis Kinouani.

Selon lui, Jacques Loubelo restera le grand compositeur des Cheveux crépus puisque 80% de leurs chansons étaient composés par lui. Sa facilité à écrire les textes, mais aussi à les mettre en musique le distinguait des autres musiciens du groupe.

Nao Tsetsa, Mpasi zo, Siku mudia, Zingilozi, Tata magori, Ntima luaka, ces tubes résonnent encore dans la tête des Congolais comme des merveilles du passé mais aussi comme des chansons cultes, tel Congo, un chef-d’œuvre musical, mais aussi un hymne à la paix et à la réconciliation nationale. « La chanson Congo a été composée en 1965 lors de la semaine culturelle initiée à l’époque par le Mouvement national de la Révolution (MNR), qui avait demandé aux groupes vocaux et aux orchestres de composer des chansons révolutionnaires. Je suis persuadé que si tous les Congolais avaient intériorisé les sages conseils empreints de patriotisme véhiculés par cette chanson, le Congo n’aurait pas connu ce que nous avons tous déploré : la bêtise humaine », ajoute Kazis.

Après la France, Jacques Loubelo est allé, dans les années 1970, en Suisse où il a décroché un contrat. Cela n’a pas empêché le groupe de se retrouver de temps en temps malgré l’éloignement de plusieurs éléments, imposé par les réalités françaises. Massamba de Coster est allé aux États-Unis, Prosper Nkouri a rejoint Jacques Loubelo en Suisse. Revenu définitivement au pays dans les années 2000, Jacques Loubelo va égayer le public de Brazzaville et Pointe-Noire, la ville qui l’a pratiquement adopté lors des différentes éditions du festival de musique de recherche N'sangu Ndji-Ndji.

Jacques Loubelo, dit Rossignol, son pseudonyme d'enfance à cause de la pureté de sa voix, disparaît avec un riche répertoire qui n’a jamais été gravé sur un support discographique. « Après 1984, année où il a enregistré son dernier album, il n’est plus entré en studio pour un quelconque enregistrement. Je lui ai demandé à maintes reprises d’enregistrer d’autres albums, il ne l’a pas fait jusqu’au jour où la mort est venue le faucher à 74 ans », regrette Kazis Kinouani Nzenzé.

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Les Cheveux crépus en 1964 avec, de gauche à droite, Massamba de Coster, Kinouani Kazis, Jacques Loubelo, Prosper Nkouri, Maxime Kibongui.