Kinshasa: reprise timide des activités

Mercredi 21 Septembre 2016 - 18:15

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La situation semble se clamer mais les stigmates de la colère populaire sont toujours visibles dans plusieurs quartiers.  

Le mauvais vent qui a déferlé sur Kinshasa en ce début de semaine est en train progressivement de s’éloigner. C’est le moins qu’on puisse dire à la lumière du calme précaire qui a règné sur la ville le  21 septembre. Après deux jours de tension, les Kinois se sont réveillés le cœur serré, craignant une résurgence de la violence. Ce qui explique les hésitations de plusieurs d’entre eux à quitter leur domicile aux premières heures de la matinée, le temps de s’assurer que la situation était sous contrôle.

Mis à part quelques troubles signalés dans la partie ouest où des jeunes gens ont tenté de rééditer le scénario de la veille en brûlant des pneus et en érigeant des barricades sur la chaussée avant d’être maîtrisés par la police, la situation est demeurée plutôt calme sur la majeure partie de la ville. Dans des endroits stratégiques et même devant quelques maisons de transfert de fond ou des bâtiments publics, l’on pouvait apercevoir des unités combattantes et de la police montant la garde. Le trafic est resté fluide toute la matinée. Excepté quelques bus Transco mis en ligne par cette société publique de transport en commun, la plupart des particuliers œuvrant dans le secteur ont préféré garer leurs véhicules. Ce qui a rendu la mobilité des Kinois très difficile.

Au centre-ville généralement réputé très remuant, plusieurs services n’ont pas ouvert, y compris des magasins. Le trafic était ralenti sur les grandes artères de la ville au grand enchantement des automobilistes qui y allaient à fond la caisse sur des tronçons généralement habitués aux embouteillages. Les fameux taxis-motos ont cherché vainement des clients. La moisson n’a pas été à la hauteur des espérances. Il fallait faire avec. Les arrêts de bus généralement bondés ont affiché désert. Dans des quartiers périphériques de Kinshasa est où la tension était plus que vive, il y a deux jours, la vie a progressivement repris son cours normal. « Ici, nous vivons au jour le jour. Je suis obligé de sortir pour aller chercher de quoi nourrir ma famille. Rester à la maison, c’est suicidaire pour moi », lâche Henri, fonctionnaire de son état. Ils sont plusieurs à avoir vécu les évènements du 19 et 20 septembre tel un véritable cauchemar.

Cependant, aucun uniforme bleu et blanc d’écoliers n’était visible toute la journée. Plusieurs parents ont préféré garder leurs enfants à la maison, question de s’assurer que le calme était véritablement rétabli. Les quelques rares qui ont gagné leurs écoles respectives ont été priés de rebrousser chemin par des promoteurs qui, par ce geste, tenaient à leur sécurité. Pour combien de temps tiendra cette apparente sérénité ? s’interroge-t-on. La psychose est manifeste dans les esprits. L’ambiance est quelque peu rendue délétère dans cette mégalopole de près de dix millions d’habitants. Seuls les vendeurs ambulants et autres chargeurs des parkings tentent de faire renouer les Kinois avec la bruyance habituelle de leur ville qui, le temps d’une mauvaise passe, s’est recroquevillée sur elle-même, redoutant un éventuel rebondissement…  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le centre-ville de Kinshasa

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