La crise centrafricaine révèle l'absence de politique de défense européenne

Jeudi 19 Décembre 2013 - 12:46

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Au moment où l’Union européenne (UE) ouvre son sommet sur la défense, l’Union africaine (UA) organise, à Bangui, la cérémonie de transfert d’autorité entre la Force d’Afrique centrale en Centrafrique (Fomac) et la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca)

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est déclaré favorable à cette nouvelle force d’environ 3 600 hommes dans sa résolution 2121. Une mission onusienne s’était rendue en Centrafrique pour évaluer les besoins de la force régionale déployée et les moyens nécessaires pour sa transformation en Misca. Quelques difficultés logistiques ont été recensées, notamment en matière d’alimentation, d’eau potable, en paiement des soldes, transport de troupes, soutien aérien, systèmes de communication, ainsi que sur le plan organisationnel et la coordination.

L’intervention menée en Centrafrique par la France montre les limites de la politique de défense européenne. Si l’UE a une réponse humanitaire, politique et financière rapide et efficace, la situation reste contrastée sur le plan militaire. En effet, l’UE n’a jamais réussi à mettre en œuvre la force de réaction rapide de 2 000 hommes opérationnelle depuis 2007. Elle vient de débloquer 18,5 millions d’euros supplémentaires pour financer l’aide humanitaire qu’il faut ajouter aux 20 millions d’euros déjà versés cette année. Les États européens ont également montré un front uni au Conseil de sécurité de l’ONU pour rédiger et faire adopter deux résolutions permettant à la fois l’usage de la force et le renforcement de la force africaine. L’UE a d’ailleurs débloqué 50 millions d’euros pour le financement de cette force.

Sur le plan militaire, la situation est plus contrastée. L’envoi de la force de réaction rapide européenne a avorté. Le Royaume-Uni, qui assure actuellement la permanence de cette force, les Pays-Bas et les Baltes ont refusé d’engager leurs troupes en Centrafrique sous drapeau européen. Pour éviter une crise avec Londres à la veille du sommet européen qui a démarré aujourd’hui, la haute représentante de l’UE, Catherine Asthon, également représentante britannique à la commission, a préféré tout arrêter. Du coup, Paris a préféré demander un soutien individuel aux pays. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne ont répondu favorablement, en attendant l’accord de la Pologne. C’est toute l’ambiguïté de l’Europe de la défense qui se trouve ainsi révélée, dont les moyens et le financement dépendent des capacités des États membres. En période de restriction budgétaire, les choses se compliquent

Des idées seront soumises au sommet. Par exemple pour rendre les missions européennes de maintien de la paix « plus rapidement déployables, avec un pool d’experts et un règlement financier amélioré ». En matière militaire, le président français François Hollande va proposer la création d’un fonds permanent pour financer les opérations de maintien de la paix de l’UE.

La France ne veut plus assumer seule les dépenses liées aux interventions militaires d’urgence, et le président François Hollande s’emploiera à convaincre ses partenaires européens de créer ce fonds. L’opération Serval au Mali, dont le coût est estimé à 647 millions d’euros, et l’opération Sangaris en Centrafrique seront à l’origine de cette marche forcée vers une coopération militaire européenne renforcée.

Noël Ndong