Le pape livre sa pensée profonde sur la famille et le mariageLundi 11 Avril 2016 - 11:30 Le chef de l’Eglise catholique a publié sa réflexion sur le mariage, tirant les conclusions de deux synodes sur la famille tenus au Vatican en 2014 et en 2015. Le pape François s’est présenté au monde avec la marque de sa simplicité et de ses affirmations moins figées. Cela lui a tissé une aura de révolutionnaire chargé, ont vite dit certains, de tirer l’Eglise catholique universelle de ce que des opinions occidentales qualifient de pesanteurs. Aussi lui a-t-on régulièrement prêté l’intention d’abolir le célibat des prêtres ; d’autoriser l’ordination des femmes à la prêtrise ou l’acceptation des unions homosexuelles. Toutes ces supputations trouvent désormais une réponse concrète dans « Amoris Laetitia », le texte où il explicite sa vision de l’amour dans la famille. Il y tend visiblement la main aux divorcés remariés, et à tous ceux qui vivent dans « des situations imparfaites », « irrégulières » aux yeux de l'Eglise catholique. « Amoris Laetitia » (la joie de l'amour) réaffirme qu’il n’y a de mariage et de familles que celles fondées sur une union entre un homme et une femme, avec les enfants qui en naissent. Les lobbies occidentaux qui espéraient une reconnaissance de fait des unions homosexuelles présentées comme marque de progrès en seront pour leurs frais. Durant les deux synodes (réunion des évêques autour du pape au Vatican pour débattre d’un sujet particulier), les prises de position des prélats africains avaient été très vives. Ils n’avaient pas été loin de soupçonner leurs confrères occidentaux de tenter de profiter de ces assises pour forcer la main au pape et faire admettre l’homosexualité comme une pratique tolérable. Les évêques africains s’étaient dressés, une fois n’est pas coutume, comme un seul homme pour dénoncer d’une même voix ce qu’ils voyaient comme une « manœuvre ». Au final, même leurs préoccupations sont contenues dans le document pontifical publié vendredi. Le pape indique qu’il s’est inspiré des réflexions de conférences épiscopales du monde, telle l’assemblée des évêques du Kenya. Au final aussi, le chef de l’Eglise catholique reconnait qu’il ne faut pas s’enfermer dans une rigidité qui ne voit du mariage que la seule vision euro-centrique : il affirme qu’il ne faut pas rejeter d’emblée les expériences des autres cultures en la matière. Durant les synodes les évêques africains, dont beaucoup sont nés dans des familles de ce genre, avaient appelé à discerner autour de la polygamie et des mariages dits « mixtes », entre un (e) catholique et une personne d’une autre religion chrétienne ou non. Le pape invite les évêques du monde à statuer « au cas par cas » dans la situation des divorcés qui souhaiteraient se remarier devant l’autel et le prêtre. Il souligne assez que le devoir des prélats n’est pas celui d’opposer des textes rigides et abstraits à l’expérience et à la souffrance des gens. Suivant « le discernement » de l’évêque, des personnes divorcées pourraient être admises à accéder à la communion. Le pape reconnaît aussi une valeur à certaines unions libres, mais uniquement celles entre un homme et une femme, stables et soucieuses des enfants. On se rappellera que la veille de l’ouverture du synode sur la famille d’octobre 2015, un haut-prélat polonais oeuvrant depuis longtemps au Vatican, avait fait un « coming-out » tonitruant, révélant qu’il était homosexuel et vivait en secret avec un restaurateur espagnol. Exclu du clergé, Mgr Krysztof Olaf Charamsa, prélat polonais de 43 ans, avait justifié son geste par le souci de « faire avancer » l’Eglise sur la question. « Il est temps que l’Eglise ouvre les yeux face aux gays (homosexuels) croyants et comprenne que la solution qu’elle propose, à savoir l’abstinence totale et une vie sans amour, n’est pas humaine», avait-il plaidé suscitant l’indignation de beaucoup. Sur ce point donc, le pape maintient la doctrine et « sa » doctrine : respect pour les homosexuels, mais pas question de leur ouvrir les bras dans l’Eglise en tant que catégorie spéciale de fidèles. A tous, il recommande le respect les uns pour les autres, la tolérance pour ne pas tomber dans l’ostracisme : « qui suis-je pour juger ? », s’était-il publiquement interrogé sur cette question. Mais il réaffirme aussi avec fermeté que l’homosexualité n’est pas une cause dont on doit se vêtir pour réclamer des faveurs et une place spéciales dans l’Eglise catholique. Lucien Mpama Notification:Non |