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Les Etats-Unis, à leur tour …

Lundi 19 Décembre 2022 - 10:41

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Le tournant des Etats-Unis vers l’Afrique auquel nous avons assisté ces derniers jours était inévitable compte-tenu de la nouvelle équation stratégique qui marque le temps présent, mais son ampleur mérite une attention particulière pour au moins trois raisons que voici résumées en quelques mots:  d’abord parce qu’il laisse présager de grandes avancées pour le continent, ensuite parce qu’il va inévitablement accroître les tensions de l’Oncle Sam avec la Chine et la Russie, enfin parce qu’il aidera malgré tout le continent à se protéger mieux contre les effets mortels du dérèglement climatique.

Réunis pendant trois jours à Washington, la capitale des Etats-Unis, les quarante-neuf chefs d’Etat et de gouvernement invités à participer à ce sommet hors norme se sont vus promettre par le président Joe Biden de recevoir une aide de 55 milliards de dollars qui sera débloquée au cours des trois prochaines années, mais aussi et surtout d’avoir enfin la place de membre permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies qui leur permettra d’influencer enfin la gouvernance mondiale. Deux décisions majeures qui ne règleront certes pas les problèmes auxquels le continent se trouve aujourd’hui confronté mais qui auront comme effet certain d’accélérer fortement sa longue marche vers le progrès économique et social qui permettra à sa population de vivre mieux.

Ce qu’il convient de souligner, en conclusion du Sommet Afrique-Etats-Unis de Washington, c’est que, parallèlement aux débats publics qui l’ont marqué, se sont déroulées de multiples rencontres à haut niveau dont on ne connaît rien ou presque, mais qui ont certainement modifié en profondeur les relations de la Maison-Blanche, du Département d’Etat et du Pentagone avec un certain nombre de pays africains. Dans le domaine économique et financier, bien sûr, mais aussi certainement sur le champ stratégique, l’objectif visé par les plus hautes autorités américaines étant de contrer les avancées militaires de la Chine et de la Russie qui pourraient à plus ou moins long terme modifier les rapports de force internationaux au détriment des Etats-Unis.

Ajoutons pour conclure sur le thème  de cette Réflexion que les trois Grands de la planète faisant désormais clairement de l’Afrique un enjeu majeur de leur diplomatie, il est un quatrième Grand, l’Union européenne, qui ferait bien de tirer dès à présent  les conclusions du Sommet Afrique-Etats-Unis auquel nous venons d’assister. Rien, en effet, ne serait plus préjudiciable pour le Vieux continent que de ne pas tirer de ce Sommet les conclusions qui s’imposent. Et, cela va de soi, de mobiliser toutes ses forces afin de faire mieux entendre sa voix sur la scène africaine, de préserver ainsi ses intérêts, d’accroître  son influence dans la sphère diplomatique, bref de ne pas rester à l’écart de la prodigieuse émergence du continent qui marque le début de ce nouveau millénaire.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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