Les immortelles chansons d’Afrique : « Faute ya commerçant » de Lutumba Simaro

Vendredi 30 Décembre 2022 - 12:49

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Lutumba Simaro a  marqué la culture de la République démocratiquedu Congo par la profondeur de ses chansons. Doté d’un talent indéniable qui lui a valu le sobriquet de poète, il signe « Faute ya commerçant », un titre inoxydable qui a triomphé de l’année 1982.

 «Faute ya commerçant », comme l’explique son auteur, a connu deux versions. La première, enregistrée par Jeff Bitumani, ne plut pas à Sam, il a fallu enregistrer une seconde qui trouva sa satisfaction. C’est une mélopée que Simaro voulait sortir en dehors de l’Ok Jazz. Franco, en l’écoutant, pressentit qu’elle connaîtra un immense succès et décida de récupérer la bande enregistrée puis partit pour Bruxelles sortir le morceau en 33 tours. De son côté, Mangwana alla sortir, en Afrique de l’Ouest, la seconde version qui ne récolta aucune gloire. Plus tard, ce sera le tour de Ntessa Dalienst de l’interpréter.

Parue grâce  à Edipop Production, sous la référence POP 17, cette chanson est la plainte d’une femme dont le mari s’est payé le luxe d’avoir une rivale à cause d’une erreur qu’elle avait commise il y a de cela dix ans. Pourtant, sa femme lui avait déjà demandé pardon. Pour enfoncer le clou, il décide de la quitter au moment où l’amour de sa femme a atteint l’apogée. Pour cette femme, l’attitude de son mari peut être assimilée à celle d’un commerçant. En outre, elle n’attribue pas la faute à sa rivale, mais plutôt à son mari. « Faute ya mbanda te, faute ya commerçant, atekeli biso elamba ndenge moko ba mpangi », approximativement on peut traduire par « La faute n’est pas du côté de ma rivale, mais de celui du commerçant qui nous a vendu le même vêtement, mes amis ».

Dans ce chef d’œuvre, Dino Vangu assure la guitare solo, Simaro, l’accompagnement, Flavien Makabi la basse, Empompo Loway exécute le saxophone soprano. La conversation mélodique entre la guitare de Dino Vangu et de Simaro est impeccable. On entend des sonorités en « Sol » et en « Ré 7 ». Il y a deux styles  d’accompagnement dans cette chanson. Le premier est classique, le second est en mi solo.

Fils de Pierre Mbaki et de Marie Kitala, Lutumba Ndomanueno Simon est né le 19 mars 1938 à Kinshasa. Après ses études, il se marie à Hélène Nkélani avec qui il a eu six enfants dont trois garçons et trois filles. Entre 1958 et 1959, il démarre sa carrière dans l’orchestre Micra Jazz, ensuite, avec Lola Checain, Gérard Madiata, Raymond Brinc, il crée le « Congo Jazz » avant d’intégrer l’Ok Jazz en 1961 jusqu’à la mort de Franco Luambo, survenue le 12 octobre 1989. Il sera cofondateur de Bana Ok. Décédé le 30 mars 2019, Lutumba a enrichi le répertoire de la musique congolaise et à travers ses œuvres, plusieurs artistes ont été mis sur les feux des projecteurs. Il avait le flair de reconnaître quel timbre vocal correspondait à chacune de ses chansons.

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Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

La pochette du disque

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