Les immortelles chansons d’Afrique : « Mama e » de Guy Léon Fylla

Jeudi 1 Décembre 2022 - 18:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Artiste pluridisciplinaire, Guy Léon Fylla a marqué la musique congolaise avec son tube « Mama e », paru en 1953 sous la férule des éditions Cefa en disque 78 tours, référencé C 523.

Dans l’histoire de la musique congolaise, « Mama e » est la première chanson à succès dans laquelle on écoute la guitare électrique. Ce titre que la vague de l’histoire peine à balayer fut couronné par la radiotélévision belge francophone qui le passait plusieurs fois. Au Congo, l’exclamation « Mama e », « Mama eh » ou encore «Mamé » est un cri de détresse, généralement lancé dans le but d’être secouru.

A travers cette œuvre musicale, Guy Léon Fylla a voulu nous faire ressentir la douleur d’une mère à la recherche de son enfant égaré : « Mama e ngai nakolelaka mikolo na mikolo. Na butu naloti mwana na ngai nasala boni. Nalanda nzela e ya mwana na ngai, nafuta ticket e ya Leo e. Ah baninga ba ngai, motema na ngai mobebi e », traduit par « Eh maman, je ne fais que pleurer jour après jour. Dans la nuit, j’ai rêvé mon enfant, que vais-je faire ? Je vais suivre le chemin de mon enfant en payant un ticket pour Léopoldville. Ah mes amies, mon cœur est meurtri ! ».

Cette merveilleuse cantilène est jouée en « La majeur ». Marcelle Ebibi, avec une voix mélancolique, y assure le solo vocal pendant que Guy Léon Fylla exécute une sourdine ténor. Ces deux voix s’accordent parfaitement avec la guitare solo jouée par Bill Alexandre. Son instrument versatile y est prépondérant, couvre les vides laissés par la chanteuse et est accompagné par la contrebasse. Bill Alexandre, disons-le, fut le premier à introduire la guitare électrique dans la musique congolaise en créant la cinquième maison d’édition après les firmes Olympia en 1947, suivie de Ngoma en 1948, d'Opika et Loningisa en 1950.  

Originaire de la République du Congo, Guy Léon Fylla, né le  11 avril 1929 à Elisabethville (Lubumbashi), en République démocratique du Congo, a eu un parcours glorieux tant dans le domaine artistique qu’administratif avant de tirer sa révérence le 1er octobre 2015.

De lui, on retiendra qu’il a été déniché, avec son épouse Marcelle Ebibi, par Bowane pour faire partie des éditions Cefa (Compagnie d’enregistrement du folklore africain), en 1953. Trois ans après, il fera partie de l’orchestre Negro jazz qu’il quittera pour fonder l’orchestre Maquina Loca, en 1958. Il expose ses toiles en France entre 1959 et 1960.

Ce qui conduira à la dislocation de son orchestre. Guy Léon Fylla a occupé plusieurs postes, notamment directeur d’Hydro-Congo à Dolisie, secrétaire administratif de l’Union nationale des écrivains et artistes du Congo et professeur à l’école nationale des beaux-arts. Il est détenteur de plusieurs distinctions honorifiques dont celle de Chevalier du mérite congolais.

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Guy Léon Fylla

Notification: 

Non