Les immortelles chansons d’Afrique : « Mère Abiba » de Rapha Boundzeki

Vendredi 28 Mai 2021 - 13:38

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Boundzéki Bernard, dit Rapha, appartient à une caste des artistes atypiques de la scène musicale africaine. Auteur compositeur prolifique, il a imprimé un nouveau style dans la rumba congolaise moderne. Sa chanson « Mère Abiba », produite par Cid Musique, continue d’inspirer la nouvelle vague d’artistes.

« Mère Abiba », nous apprend Richard Ngoula, dit Wachimelle, le bassiste qui a recruté Rapha dans « Véritable Mandolina » et qui l’a accompagné jusqu’à la fin de sa vie, fut composée en 1990 après leur démission dans ce groupe. C’est autour de deux heures du matin que lui vient l’inspiration. Il réveilla Wachimelle et Fafa ses deux ex-condisciples de « Véritable Mandolina » qui dormaient avec lui pour répéter cette chanson. Il leur demanda de ne chanter que : « Oui we, oui we, oui we, oui je t’aime oh ». C’est ce qui fut fait. Rapha se mit à improviser. C’est alors que nait ce titre qui dans sa première version fut en Reggae.

En examinant la chanson « Regarde-moi » écrite par Zoulema, laquelle il vendit à Ferré Gola et qui alimente la polémique dans le gotha musical congolais ces jours ci, on s’aperçoit que « Regarde-moi » est la copie de « Mère Abiba » dans la partie où Rapha chante : « Ecoute-moi ma belle racine, j’ai grand envie de t’avoir à mes côtés, aide-toi le ciel t’aidera donne-toi du mal si tu veux réussir dans la vie. Je reviens de là, chercher mon bien aimé et je ne le vois pas et j’ai mal d’amour ».

Cet opus a connu la participation des artistes Débaba et Carlyto au chant et à l’animation, Rapha et Ditutala. Trois artistes Kinois du groupe « Choc Stars » qui à cette époque avaient le vent en poupe. Les guitares solo, mi-solo et accompagnement sont exécutées avec maestria par Sebéne Shoo, la guitare basse est effectuée par Néné DJafard, alias Tchakou, le synthétiseur par Sims Piano Piano, la tumba et le lokole sont assurés par Epineron. Debaba joue le rôle du directeur artistique et Martin Bakala celui d’ingénieur de son. Notons que Rapha avait bénéficié du séjour de « Choc Stars » à Brazzaville pour enregistrer à l’I.A.D ce merveilleux album qui leur prit deux jours de répétition.

Né le 4 août 1961 à Brazzaville, Rapha a fait ses débuts dans la musique en tant que drummer dans le groupe « Veritas », créé par Ben Koulou et De Maza. Le 15 août 1987, il est recruté dans « Véritable Mandolina », ensemble musical dans lequel il se révèle avec la chanson « Christianisé ». Il sera placé dans les hautes sphères de la musique congolaise avec la chanson « Parisien Refoulé » en 1989 avant d’être plébiscité meilleur auteur compositeur en 1990. Décédé le 10 mai 2008, il a laissé un héritage de 19 albums et quelques featuring dont s’inspirent des artistes tels que Sam Samouraï, Zoulema, Ferré Gola  et quelques jeunes qui font du Coupé Décalé made in Congo. Sa puissance vocale lui conférait la capacité de chanter sur l’octave inférieure comme sur l’octave supérieure. « Pour accompagner Rapha en chœur, il fallait être un bon chanteur », affirmait Papa Wemba.

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Rapha Boundzeki

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