Les immortelles chansons d’Afrique : « Tambula Malembé » de Vadio Mambenga

Vendredi 5 Mars 2021 - 13:22

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Avec une voix angélique, des textes truffés de sagesse, Vadio Mambenga a marqué l’écosystème musical rd-congolais. Son titre « Tambula Malembé » est compté parmi ses œuvres majeures.

La première version de ce titre est sortie en 1975 sur disque microsillon 45 tours. C’est grâce au producteur Camille Malonga, originaire du Congo Brazzaville que cette belle œuvre musicale paraîtra de nouveau en 1982 au studio Vévé (8 pistes). C’est ici le lieu de saluer le courage, l’initiative et l’intuition qu’eut cet impresario Brazzavillois en osant remettre cet artiste de talent sur orbite en lui offrant la chance de mettre sur pied un album 33 tours.

« Tambula Malembé » veut dire littéralement « marche lentement ». C’est une philosophie qui enseigne aux humains de suivre lentement leurs parcours sur terre sans vouloir s’embarquer dans la course effrénée vers la richesse. L’auteur propose la démarche du caméléon et de l’escargot pour réussir. En voulant se hâter, on finit par commettre des erreurs : « tambula malebe mokili ya batu, okendeke malembe mokili ya batu. Botika ngai na sakana, botika ngai na sepelisa oyo ya ngai nzoto elinga lisano ». « Laissez-moi m’amuser, laissez-moi faire plaisir à mon corps qui aime le divertissement ». Pour le chanteur, la musique était son plus grand divertissement et personne ne devrait l’en empêcher. L’artiste poursuit pour affirmer : « Ah ngai na kolembe te mpo nazali mwana nanu nanuni te nzawe okata likambo yo ndé mozalisi ya likolo na nse ». « Moi je ne me fatiguerai pas car je suis encore jeune et je n’ai pas encore vieilli, Dieu, toi qui es le créateur du ciel et de la terre intervient face à mon problème ».  L’auteur exhorte les jeunes à ne pas baisser les bras dans la vie. Devant toute adversité, ils doivent faire recours à Dieu.

Ce tube se repose sur le rythme dzebola, le fondement de l’actuel « Afro beat » et le rythme kibwa ou  Sebène. Il a connu la participation des artistes suivants : Vadio, Seluta et Aninda au chœur, Mongo Ley à la guitare solo, Lele à la guitare rythmique, Super à la guitare basse, Seskain Molenga à la batterie, De Soin à la Tumba. L’arrangement a été assuré par Vadio.

Né en 1952, Vadio Mambenga a grandi à Yolo nord à Kinshasa. Son nom se réfère à l’orchestre « Isifi ». Selon certains exégètes, il est le mentor d’Evoloko et a influencé la manière de chanter de Wemba et Bozi. En 1982, il intègre l’orchestre « Rumbaya international » de Djeskain, Locko Massengo. Victime de la poliomyélite, il fut condamné à se déplacer sur un tricycle. Allié à une mentalité de baroudeur, il a su vaincre ce handicap par son talent d’artiste. Il avait compris très tôt que si la vie lui avait ravi les membres inférieurs du corps, il avait néanmoins une voix pour chanter et des mains pour jouer de la guitare. Il y a plus de trois décennies qu’il a rejoint les limbes.

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

L'affiche de l"album

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