Les souvenirs de la musique congolaise : rivalité des orchestres Bantous de la capitale et Tembo (suite et fin)

Vendredi 23 Décembre 2022 - 12:01

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Au cours de l’année 1967, une frange des musiciens de l’orchestre Tembo fit défection à cause de l’opacité entretenue par le directoire de l’orchestre sur la gestion des fonds et Loubelo de la Lune était parmi les dirigeants invectvés. Cette frange traversa le Pool Malébo pour Léopoldville où elle créa, sous la direction de Rossignol, l’orchestre Roca Tembo dont Franco fut le sponsor.

La frange des revendicateurs était constituée, entre autres,  d'Arthur Nona (saxophoniste), Démon Cazano (chanteur), Sam Mangwana (chanteur), Ruben Major Tumba (batterie), Mpouela du Pool (percussion). Daniel Loubelo de la lune et Ange Linaud Zendo restèrent seuls à bord du navire Tembo, qui coula sous les eaux et disparut plus tard de la scène musicale congolaise au cours de l’année 1967. Les mélomanes de l’époque se souviendront également d’un samedi où l’orchestre Tembo devait agrémenté une cérémonie de retrait de deuil chez Faignond.

Le décor étant planté et le bar pris d’assaut par les invités, les organisateurs de la cérémonie attendaient impatiemment l’entame du concert. Après plusieurs minutes et à la grande surprise générale, l’on annonça que Tembo était dans l’impossibilité d’agrémenter l'événement parce qu’une partie de ses musiciens avait clandestinement quitté Brazzaville pour Léopoldville.

En désespoir de cause, Daniel Loubelo de la lune fut recours au barman, le suppliant de jouer les chansons de Tembo en lieu et place de l’orchestre. Grande fut la déception des invités et des organisateurs de la manifestation. De l’autre côté du fleuve, Roca Tembo vécut le temps d’une rose car, aussitôt créé, il se disloqua au cours de la même année. Certains musiciens regagnèrent Brazzaville, en l’occurrence Arthur Nona qui fît son entrée dans les Bantous de lacapitale, Démon Cazano et Tumba Ruben Major dans Négro Band. Sam Mangwana jeta son dévolu sur l’African fiesta aux côtés de Tabou Pascal Rochereau.

Quant à Mpouéla du Pool, il alla monnayer ses talents dans l’Ok Jazz de Franco. Ange Linaud Zendo créa le Super boboto (SBB). Préoccupés par les soubresauts que connaissait le régime de l’époque au plan politique (conflits internes au sein de la Jeunesse du Mouvement national de la révolutio), certaines personnalités du régime qui soutenaient Tembo se désintéssèrent des activités de l’orchestre et rompirent l’appui et le soutien à Daniel Loubelo de la lune.

A cet égard, Tembo disparut de la scène musicale congolaise. Daniel Loubelo de la lune, inactif, ne sachant sur quel pied danser et à quel saint se vouer, repartit pour Léopoldville sans autre forme de procès. Devenu « Gourou »,  il s’illustra dans les pratiques magiques et fétichistes pendant plusieurs années.

De retour au bercail dans la décennie 1980, il fut rappelé à Dieu au cours de la décennie 1990. Ainsi, l’orchestre Tembo, cet ouragan, ce vent violent qui souffla avec fracas sur la scène musicale congolaise pendant quelques années, mourut de sa belle mort et disparut sans en avoir non seulement laisser des stigmates mais plutôt un souvenir fugace. De même, l’on assista à la fin de la rivalité entre les Bantous de la capitale et Tembo, d’une part, et entre Jean Serge Essou (Trois S) et Daniel Loooubelo dit de la lune, de l'autre.

Auguste-Ken-Nkenkela

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