Les souvenirs de la musique congolaise : rivalité entre les orchestres Bantous de la capitale et Tembo

En arrivant sur la scène musicale congolaise vers la fin de l’année 1964, l’orchestre Tembo a en face de lui plusieurs groupes musicaux, grands et jeunes, qui se disputent le leadership, à savoir Les Bantous de la capitale, Negro band, Cercul jazz, Mando negro kwala kwa, Orphet jazz, Los Batchitcha, Novelty, Nsinza Kotoko… La rivalité était de taille.

A cet égard, deux orchestres émergeaient du lot de par leur popularité, leur savoir-faire, la qualité de leurs œuvres et des vedettes de renom dont ils regorgeaient, notamment Les Bantous de la capitale et Tembo. A noter également la présence dans ces deux groupes de deux artistes talentueux de grande renommée, Jean Serge Essous et Daniel Loubelo, dit De la lune, qui avaient fait la pluie et le beau temps à Léopoldville dans l’Ok jazz, au cours des années 1956, 1957 et 1958. Deux co-fondateurs de l’orchestre Bantous en 1959 et qui, par la suite des événements, étaient devenus des rivaux au lendemain de la création de l’orchestre Tembo, orchestre soutenu et entretenu par certains dignitaires du régime issu des événements des 13, 14 et 15 août 1963 qui sont rentrés dans les annales de l’histoire congolaise.

A cette époque, Brazzaville vibrait chaque week-end aux rythmes de l’explosion musicale des groupes suscités. De Poto-Poto en passant par Moungali, Ouenzé et Bacongo, l’on remarquait la présence d’un orchestre en train d’égayer le public dans un des bars les plus célèbres de l’époque. L’on peut citer Faignond, Super jazz, Congo bar, Elysée bar, Lumi Congo ex-Macedo, Pigalle, Jour de Brazzaville… "Radio Congo" retransmettait parfois en direct certains concerts de ces orchestres.

Parmi ces orchestres, les Bantous de la capitale, Negro band et Tembo attiraient beaucoup plus de mélomanes non seulement de Brazzaville mais aussi de Kinshasa qui chaque week-end traversaient le Pool Malebo pour venir danser et savourer les œuvres produites par les différents groupes musicaux. Au fil du temps, les Bantous de la capitale et Tembo vont se disputer le leadership. A cet égard, ils se distinguent à travers leurs œuvres qui connaissaient un grand succès sur le marché et par l’afflux des ambianceurs et supporters dans les bars et autres endroits à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie.

Jouissant d’une grande popularité, l’orchestre Bantous a comme soutien un comité appelé ‘’Comité Bantous’’ composé des fanatiques, ambianceurs célèbres de l’époque et un groupe de danseurs, entre autres Théophile Ndalla dit Ngouassa,  Siatis Siassia, Noël Sita dit Chiouaoua et autres, dont le rôle était d’animer les concerts et exhiber les danses célèbres de l’époque, parmi lesquelles ‘’Boucher" et "Pathanga’’ . Le comité à qui Célestin Nkouka Célio dédia la chanson intitulée "Comité ya Bantous", chantée en langue lari et où la voix rocailleuse d’Essous est mise en exergue.

L’orchestre Bantous regorge en son sein de grands artistes pétris de talents tels que Jean Serge Essou, Dieudonné Nino Malapet, Célestin Nkouka, Ben Saturnin Pandi, André Mbemba Bingui dit Pablito (plus tard Pamelo Mounka), Edo Nganga, et bien d’autres. Un répertoire riche et varié en termes de thématiques est composé des titres tels que  "Bolingo Elie", "Anto na nganda", "Manolita", "Brazza mboka etumba", "Pavacillar", "Tout Brazza", "Tanina tata ya mwasi", "Comité ya Bantous" qui connaissent un succès fulgurant.

(A suivre)