Libre échange : quel rôle pour la femme congolaise dans la Zlécaf ?

Vendredi 10 Mars 2023 - 12:15

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L’approche économique globale de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlécaf) a permis de prendre en considération les besoins des femmes et la dimension du genre. Selon le Forum économique mondial organisé en 2022, l'indice d'inégalités de genres se situe en moyenne à 64 % en Afrique, contre 71,4 % pour le reste du monde, et ce malgré́ une part plus importante des femmes dans la population active qui se situe à76 % en Afrique et 64% pour le reste du monde.

La Zlécaf est un vecteur de l’égalité des sexes vers la réalisation du Programme 2030 des Nations unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Sa mise en œuvre effective promet d’être inclusive, dans un monde où les inégalités de genres homme-femme persistent et constituent un frein important au développement des économies africaines.

S’agissant du Congo, booster l’investissement public en tenant compte des règles édictées par la Zlécaf constitue une bataille du « Made in Africa » pour promouvoir les activités économiques. Cela dit, intégrer la formation des femmes, développer des incubateurs et des start-up pourront ainsi contribuer à la mise en place d’un écosystème entrepreneurial au profit de la gent féminine.

Parvenir à cet idéal passe par la capitalisation de l’autonomisation économique des femmes à travers un dispositif décisif en lien avec le projet du protocole sur la femme dans le commerce.  Au nom du patriotisme économique, il s’agit de se mettre en course contre la montre pour répondre aux ambitions de ce vaste marché intra-africain très compétitif pour les cinquante-quatre États que compte le continent.

Par ailleurs, si cette liberté du commerce passe également par l’entrepreneuriat des femmes dans divers secteurs dont ceux de l’agriculture, de l’artisanat et bien d’autres, accélérer l’augmentation de l’inclusion financière et économique des femmes permettra de sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté d’ici à 2035. Tel est l’objectif fixé par la Banque mondiale. 

Afin de bénéficier des nombreux avantages de la Zlécaf, les femmes entrepreneures restent soumises à la ratification du protocole sur les femmes dans le commerce. En effet, bien que certains pays ont une longueur d’avance économique, le dispositif prévoit la mise en place d’un mécanisme de compensation pour aider à amortir l'impact fiscal des pertes de revenus tarifaires visant à atténuer les pertes de revenus de quelques secteurs productifs de l'économie comme le textile et l'agroalimentaire.

Toutefois, la concurrence étant le fer de lance de toute économie compétitive, la Zlécaf a prévu un protocole de la concurrence interdisant la discrimination entre les pays membres. Le protocole sur la propriété intellectuelle en est un exemple pour assurer l’égalité́ des Etats.

Dans la perspective de se mettre en ordre de bataille, les femmes entrepreneures dont il est question dans la Zlécaf nécessitent un accompagnement des pouvoirs publics, notamment les ministères du Commerce, de la Promotion de la femme, des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie numérique, de l’Agriculture et même de la Chambre de commerce. Une dynamique somme toute enclenchée par le futur Fonds de garantie de l'entrepreneuriat et le Fonds d'impulsion, de garantie et d'accompagnement dans leurs missions de dynamisation et de diversification de l’économie congolaise. Deux initiatives qui bénéficieront à des dizaines de petites et moyennes entreprises en vue de favoriser leur croissance et leur compétitivité, tant au plan sous-régional que continental.

Fort de ce que 70 % du commerce informel en Afrique est tenu par des femmes, nombreux défis restent à relever, les petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes qui représentent près de 60 % du produit intérieur brut sont des véritables niches des milliers d'emplois. Même si la tendance en République du Congo reste encore faible, car seules 29% d’entreprises tenues par des femmes sont dans le formel.

Michesie Kibongui, magistrat, analyste en droit économique

Légendes et crédits photo : 

Michesie Kibongui

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