L’Italie appelle les Mozambicains à renouer le dialogue

Jeudi 12 Juin 2014 - 13:12

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La reprise des affrontements entre les forces gouvernementales et la Renamo inquiète Rome, où fut signé l’accord de paix historique de 1992

Entre l’armée gouvernementale et l’ancien mouvement de rébellion de la Renamo, c’est de nouveau la guerre. Les affrontements se concentrent sur le centre du Mozambique, fief d’une Renamo (Résistance nationale du Mozambique) qui peine à convaincre qu’elle s’est effectivement transformée en parti politique. Au centre des contestations, aujourd’hui sans doute plus qu'hier : le partage des ressources et l’équilibre des responsabilités politiques dans le nouveau Mozambique que dirige depuis 2005 le président Armando Guebuza du Front de libération du Mozambique (Frelimo), qui a conduit le pays à l’indépendance en 1976.

Les motifs de la conflagration actuelle se sont renforcés aujourd’hui des très alléchantes perspectives d’un Mozambique qu’un homme d’affaires italien qualifiait cette semaine de « future première économie du continent ». Fabuleuses réserves de gaz, énormes gisements miniers — notamment de charbon — et extraction pétrolière en hausse conduisent paradoxalement à un raidissement de la vie politique intérieure. La Renamo, considérée peu ou prou comme ayant été du mauvais côté de la lutte pour l’indépendance du colon portugais, continue de se déclarer insatisfaite de son sort.

Son leader charismatique, Afonso Dhlakama, n’hésite plus à faire le coup de feu, à multiplier les attaques contre les convois civils, quitte à mettre sur le compte d’hommes incontrôlés cette permanente remise en cause des accords de Rome. C’est grâce à une active médiation de la Communauté catholique de Sant’Egidio que l’on était parvenu à ces accords qui posèrent les bases de la fin de la guerre civile et d’une coopération entre les camps antagonistes. En réalité et bien qu’il s’en défende, Afonso Dhlakama a toujours considéré ses échecs successifs aux élections comme étant dus à une volonté de le tenir loin des allées du pouvoir.

Les combats actuels et la paralysie des négociations directes entre majorité et opposition armée résultent de cette situation, qui inquiète l’Italie au plus haut point. Le pays se reconnaît le devoir moral de parrain de la paix au Mozambique, un pays qui est au centre de sa politique de coopération avec l’Afrique. Il est, après l’Afghanistan et la Tunisie, le troisième pays qui reçoit ses plus importants volumes d’aide au développement : plus de 15 millions d’euros l’an dernier. Un montant qui le situe peu avant l’Éthiopie, pourtant pays de relations historiques plus anciennes en Afrique pour l’Italie.

C’est pourquoi le vice-ministre des Affaires étrangères italien, Lapo Pistelli, estime que Rome ne peut pas regarder sans réagir la remontée des tensions entre protagonistes mozambicains. Dans un communiqué, la Farnesina, le ministère italien des Affaires étrangères, a fait savoir mercredi que « l’Italie confirme son engagement à contribuer au développement d’un dialogue constructif, qui ramène la paix et la confiance entre tous les acteurs en cause. »

Lapo Pistelli, qui rentre d’une visite à Maputo, estime qu’il est du devoir de son pays d’aider les parties à retrouver le chemin de la coopération pacifique. « Le gouvernement italien, en exprimant la plus ferme condamnation de tout recours à la violence politique, appelle instamment le président Guebuza et le leader de la Renamo Dhlakama à poursuivre le dialogue engagé dans un esprit constructif, afin de parvenir à l’accord qui permettra de maintenir et consolider la paix et la stabilité politique, surtout dans la perspective des importantes échéances électorales du mois d’octobre ».

Lucien Mpama