L’Italie bouleversée par l’assassinat de trois religieuses au Burundi

Mercredi 10 Septembre 2014 - 16:21

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Le drame s’est accompli à Kamenge, près de Bujumbura. Les missionnaires assassinées œuvraient depuis de longues années au service des populations

Il n’y a pas, du pape François à la classe politique, une personne qui n’ait pas ressenti en Italie un grand malaise à l’annonce de l’assassinat de trois missionnaires italiennes âgées à Bujumbura. Le forfait a été accompli dimanche après-midi dans un couvent ; le mobile du triple assassinat serait le vol. Pourtant, même dans la journée de lundi lorsque la certitude s’est enfin faite sur le nombre effectif des victimes, trois et non deux comme cela avait été d’abord dit, les enquêteurs burundais peinaient à avancer une conviction sérieuse sur les motifs des crimes.

Car, précisaient des sources proches du dossier, rien n’avait finalement été emporté pendant les agressions. Surtout pas une grosse somme d’argent que l’une des religieuses tenait dans la chambre où on l’a retrouvée gisante sans vie. La police n’a pas été plus précise, se limitant à indiquer que « l'assassin a égorgé les deux religieuses, sœur Lucie (Pulici) de 75 ans, et sœur Olga (Raschieti), âgée de 83 ans avant de s'acharner sur l'une d'elles à coups de pierre sur le visage ».

Au moment de cette déclaration, les limiers burundais ne semblaient pas être au courant de la mort d’une troisième religieuse du même couvent Guido Maria Conforti de Kamenge, sœur Bernadette Bogianni, elle aussi membre de la congrégation des missionnaires de saint François-Xavier. Ces « xavériennes » sont toutes venues de l’archidiocèse de Parme, dans la région d’Emilie-Romagne, au nord-est de l’Italie.

Dans un double télégramme, le pape François qui s’est dit endolori par ces meurtres, a témoigné sa proximité spirituelle aussi bien à l’Eglise catholique du Burundi qu’à la communauté des xavériens, bien implantée en Afrique. L’émotion du pape est d’autant plus grande que le Burundi détient un primat peu glorieux pour être le premier pays au monde où a été assassiné un nonce apostolique, ambassadeur du Vatican. C’était Mgr Michael Courtney, un diplomate d’origine irlandaise, abattu au sud de Bujumbura en décembre 2003. Et en novembre 2011, un jeune coopérant italien et une missionnaire croate avaient été, eux aussi, assassinés à Ngozi.

Du côté gouvernemental italien aussi la consternation a été totale. Federica Mogherini, ministre des Affaires étrangères, a publié un communiqué lundi matin dans lequel elle souligne qu’« encore une fois nous assistons au sacrifice de personnes qui, dans un engagement total, ont passé leur vie à soulager les trop nombreuses souffrances qui pèsent encore sur le continent africain ».

À Rome, la crainte de l’opinion se nourrit aussi de l’incertitude autour du sort d’un prêtre jésuite italien enlevé il y a un an en Syrie. Et il y a quelques semaines, deux jeunes humanitaires italiennes, Greta Ramelli et Vanessa Marzullo ont, elles aussi, disparu en Syrie. Les soupçons portent à croire qu’elles sont détenues par les djihadistes syriens, à moins qu’ils s’en soient servis comme monnaie d’échange dans leurs tractations avec d’autres groupuscules extrémistes en Syrie ou dans la région.

Lucien Mpama