Littérature : une œuvre et une rencontre pour raviver la mémoire de Jacques Opangault

Samedi 6 Décembre 2025 - 13:49

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Des Congolais de divers horizons ont répondu présent, le 5 décembre, à Brazzaville à la cérémonie de présentation-dédicace du livre « Jacques L. Opangault 1907-1978 : De la colonie à la République, l’action politique », publié chez L’Harmattan. Une œuvre signée du professeur et chercheur Élie Mavoungou, disparu en 2024, et portée aujourd’hui par celui qui en fut le témoin privilégié et préfacier, Émile Opangault, fils du héros politique.

 

D’entrée de jeu, Émile Opangault a restitué le contexte de la genèse du livre, un récit qu’il a livré avec émotion. Tout commence par un projet avorté du colloque sur Félix Tchicaya, « le premier député congolais, que l’on connaît mal ». C’est là qu’un certain Élie Mavoungou, brillant scientifique congolais résidant en Allemagne, l’aborde à distance et lui dit : « Écoute, M. Opangault, j’ai une idée, je dois écrire quelque chose sur votre père ». Opangault raconte avoir réuni les archives nécessaires, senti la pression du travail et perçu la fatigue du chercheur. Puis le coup de fil fatal de juin 2024 tombe. « On m’a dit que M. Mavoungou est mort… Mon frère était atteint d’un cancer. Il voulait vite finir le travail pour le laisser à la postérité », se remémore Émile Opangault.

Le public observe, à sa demande, une minute de silence en mémoire de l’auteur. Émile conclut son mot sur une conviction : la nécessité d’écrire, encore et encore, l’histoire politique du Congo. « Nous ne sommes peut-être plus des nations en gestation, mais nous ne sommes pas des nations matures encore », affirme-t-il, avant de céder la parole au Pr François Miyouna, figure familière de ces combats mémoriels.

Le Pr Miyouna, qui fut un acteur majeur du colloque Opangault de 2018, a présenté l’ouvrage avec rigueur tout en ménageant le suspense. « Il ne m’est pas permis de dévoiler le contenu intégral de cet ouvrage… Vous risquez de ne plus l’acheter », précise-t-il. Il déroule néanmoins la structure, le contexte et les lignes de force de l’essai biographique, insistant sur la richesse documentaire et l’ampleur historique du récit. Le cœur de son intervention se concentre sur le personnage central : Jacques Opangault, homme de vertu, de responsabilité et de patriotisme. Dans son intervention, il rappelle sa vision nationale, sa capacité à « concilier opposition et compromis », sa rigueur gestionnaire comme lorsqu’« il n’avait pas hésité à réduire son propre salaire ». Et surtout, cet attachement profond à la nation : « L’intérêt particulier ne peut pas éclipser l’intérêt général ». 

Le public prend la parole

Après les interventions magistrales d’Emile Opangault et du Pr Miyouna, les échanges se sont ouverts. Le Pr Grégoire Lefouoba a salué cette œuvre littéraire et, surtout, sa « force de la restitution historique ». Le cinéaste congolais et passionné d’histoire, Hassim Tall Boukambou, a quant à lui insisté sur l’actualité des enseignements d’Opangault au profit de la postérité. Le politique et écrivain Jean-Pierre Heyko Lekoba a également évoqué l’importance du livre pour la jeunesse. Josué Ndamba, après lecture, dit retenir  trois points forts du personnage principal : la lutte nationale, l’intégrité morale et le courage politique. Pour sa part, le Pr Joachim Goma-Thethet a souligné la qualité du travail mémoriel entrepris.

Et dans l’assistance, la présence du ministre de la Défense, Charles Richard Mondjo, ajoutait un éclat particulier à cette célébration du devoir d’histoire. En somme, ce rendez-vous littéraire a été une soirée où les mots, les souvenirs et la pensée politique congolaise ont retrouvé un souffle, celui que voulait laisser Élie Mavoungou : un héritage.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- Émile Opangault, préfacier du livre, s’exprimant à côté du Pr Miyouna lors de la rencontre littéraire/Adiac ; 2- Une vue de l’assistance lors de la cérémonie/Adiac ; 3- Séance vente-dédicace du livre à l’honneur/Adiac

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