Lutte contre le racisme : l’OMS se sépare d’un de ses directeurs régionaux

Vendredi 10 Mars 2023 - 13:00

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L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis fin aux fonctions de son directeur régional pour le Pacifique occidental, le Japonais Takeshi Kasai, accusé de racisme et de harcèlement, une première pour elle, accusée de ne pas faire assez dans ce domaine.

"Après un examen minutieux des conclusions et après consultation du Comité régional du Pacifique occidental et du Conseil exécutif, le mandat du directeur régional a été résilié ", peut-on lire dans un courrier adressé aux pays membres dont "Les Dépêches de Brazzaville" ont obtenu copie. L'enquête en ligne avec la politique de tolérance zéro de l'organisation a conclu qu'il y avait eu "mauvais comportement", sans autre détail.

La décision de se séparer du Dr Takeshi Kasai vient après une réunion à huis clos de deux jours du Conseil exécutif de l'organisation, à Genève.  Elle avait été spécialement convoquée suite à la recommandation de renvoi émise la semaine dernière par le Comité régional du Pacifique occidental, réuni à huis clos les 27 et 28 février à Manille, où se trouve le siège de la direction du bureau régional. Le Dr Tadeshi Kasai avait pris, en 2019, la tête de la direction régionale après avoir travaillé plus de quinze ans au sein de l'organisation.  La région couvre 1,9 milliard de personnes dans trente-sept pays dont la Chine, le Japon mais aussi l'Australie ou encore les Philippines, l'Indonésie, le Vietnam, le Cambodge et la Corée du Sud. 

En octobre 2021, des dizaines de collaborateurs de l'OMS avaient émis une plainte interne contre le Dr Tadeshi Kasai avant d'envoyer un courriel à la mi-janvier 2022 aux pays membres du Conseil exécutif de l'agence onusienne pour les alerter. Ils y accusaient le Japonais d'avoir un "leadership autoritaire et raciste" et d'avoir partagé régulièrement des informations privilégiées avec le ministère japonais des Affaires étrangères, de n'avoir pas voulu critiquer la Chine ou encore d'avoir "gaspillé" l'argent des donateurs. Ces graves accusations avaient été révélées fin janvier 2022. C'est la première fois qu'une telle situation se produit à l'OMS qui, dans l'attente du résultat de l'enquête, avait fait remplacer le Dr Tadeshi Kasai par la directrice générale adjointe, Zsuzsanna Jakab. Celle-ci gardera ces fonctions jusqu'à ce qu'un ou une remplaçante soit élue par le comité régional. L'élection doit se tenir en octobre 2023. La nomination devra ensuite être approuvée par le Comité exécutif.

Plusieurs pays, qui réclament une OMS plus transparente et plus digne de confiance, avaient fait part de leurs préoccupations après que cette affaire avait éclaté. L'organisation était déjà sous forte pression des principaux donateurs qui ont estimé qu'elle avait tardé à agir après le scandale des violences sexuelles commises par certains de ses employés en République démocratique du Congo pendant une épidémie d'Ebola (2018-2020). L'OMS a fait depuis son mea culpa et mis en place une politique de tolérance zéro ainsi qu'un plan stratégique pour mieux gérer ces dossiers complexes. Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a affirmé à de nombreuses reprises que ces dossiers de violences sexuelles et de harcèlement étaient une priorité pour lui.  

Noël Ndong

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