Mali : la force internationale inquiète après la suspension des opérations militaires allemandes

Mardi 27 Septembre 2022 - 16:32

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Depuis que l’Allemagne a une nouvelle fois, au cours de ce mois, suspendu ses opérations de reconnaissance au Mali, dans le cadre de la mission onusienne après un nouveau refus de survol du territoire, la communauté internationale redoute la dégradation de la situation sécuritaire sur le terrain. Une préoccupation qui a poussé le secrétaire général des Nations unies à appeler à trouver des « solutions nouvelles » pour la force de maintien de la paix, alors que des défis persistent sur le sol malien en dépit des efforts collectifs déjà consentis.

La raison pour laquelle Berlin a décidé de suspendre ses opérations de reconnaissance au Mali est connue : Bamako ne veut certainement pas lui remettre l’autorisation de survol du territoire. Elle « sera délivrée prochainement » à la mission allemande sur place, a indiqué le gouvernement malien, sans autres précisions. Ce qui suscite des interrogations de la force de maintien de la paix. Cette autorisation devait concerner les vols entre Gao, qui abrite le camp principal de l’armée allemande au Mali, et Niamey, capitale du Niger voisin. Son refus intervient alors que la Bundeswehr n’avait repris ces opérations de reconnaissance que début septembre. L’Allemagne avait suspendu mi-août l’engagement de ses soldats au Mali, après des tensions avec Bamako qui refusait le survol de son territoire par des appareils allemands.

Même si les vols effectués vers l’Allemagne par l’avion de transport destiné aux rotations des contingents de la Bundeswehr ne sont pas concernés par la suspension actuelle, les autorités allemandes se disent très préoccupées par les tensions qui s’y développent, après le départ des troupes françaises, selon un porte-parole du commandement opérationnel de la Bundeswehr. Or, les troupes allemandes sont censées en partie compenser le départ des soldats français, après que la junte malienne au pouvoir a poussé vers la sortie l’ancien allié et relancé la coopération avec Moscou.

Pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, son gouvernement travaille « de façon intensive » sur l’avenir de la présence des soldats dépêchés par Berlin au Mali « en tenant compte de tous les aspects ». En premier lieu, « la sécurité des soldats doit être garantie - cela vaut pour les questions de droits de survol, pour la question de l’utilisation des drones, pour la question de savoir s’il existe une sécurité suffisante pour remplacer ce que les Français ont fait jusqu’à présent », a-t-il expliqué. « Nous ne voulons en aucun cas nous retrouver dans une situation où nous dépendrions de la bonne coopération des forces russes présentes sur place », a poursuivi le chancelier devant les cadres de l’armée allemande.

Berlin en appelle au sens de responsabilité de Bamako

Dans le cadre de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), les forces allemandes - environ 1100 soldats - participent à la protection de l’aéroport de Gao et effectuent des vols de reconnaissance pour assurer la sécurité de leurs patrouilles. En dépit du fait que cette ville de l’est du pays abrite le camp principal de l’armée allemande et eu égard aux derniers développements de la situation au Mali et de la position de la junte face à la force internationale, Olaf Scholz se demande si l’engagement des forces allemandes « a un sens », si les troupes allemandes peuvent « contribuer à la stabilisation du pays ou au moins des régions concernées », si elles peuvent aussi « garantir que l’aide au développement soit rendue possible par leur présence ».

Le chancelier, qui s’interrogeait sur toutes ces préoccupations, voulait certainement en appeler aux sens de responsabilité de la junte malienne qui, selon des observateurs, a été de plus en plus versatile, ces derniers temps, dans ses prises de position face aux pays qui participent à la force de maintien de la paix au Mali, dont l’Allemagne et la Côte d’Ivoire.

Les relations entre le Mali et l’ONU, dont les Casques bleus sont présents dans le pays depuis 2013, se sont dégradées depuis quelques semaines. Outre le refus de l’autorisation de survol à l’Allemagne, l’arrestation de 49 soldats ivoiriens, le 10 juillet à Bamako, et leur inculpation mi-août pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État » ont tourné à la crise diplomatique entre les deux pays voisins.  La junte malienne au pouvoir qualifie ces soldats de « mercenaires » tandis qu’Abidjan assure qu’ils sont en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma.

Réagissant à ce sujet après la libération de trois soldates intervenue début septembre dernier sur les 49 interpellés, l’ONU a appelé à leur « libération immédiate ». Le secrétariat de l’organisation « soutient fortement tous les efforts pour faciliter cette libération, ainsi que la restauration de la confiance et la promotion du bon voisinage entre les deux pays », selon un communiqué, dans lequel cette instance souligne sa « profonde appréciation de la contribution de la Côte d’Ivoire aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et à la Minusma en particulier ». Ce communiqué fait suite à une récente interview à RFI et France 24 du secrétaire général, Antonio Guterres, dans laquelle il déclarait que les soldats ivoiriens détenus n’étaient « pas des mercenaires ».

Nestor N'Gampoula

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