Mali : le gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête contre l’ONU

Mardi 16 Mai 2023 - 12:15

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Le gouvernement de la transition du Mali a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire contre la Mission d’établissement des faits du Bureau des droits de l'homme des Nations unies et ses présumés complices "pour espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat " ainsi que pour complot militaire.

L'ouverture de l'enquête ressort d'un communiqué du gouvernement malien relatif au rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme concernant « les événements de Moura du 27 au 31 mars 2022 ». En effet, le Bureau des droits de l'homme des Nations unies a accusé, le 12 mai, les forces armées maliennes et des militaires étrangers d'avoir tué plus de 500 personnes, dont la majorité a été sommairement exécutée au cours d’une opération militaire de cinq jours dans le village de Moura, dans la région de Mopti, au centre du Mali, en mars 2022. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk,  a indiqué que les autorités maliennes ont refusé les demandes d’accès au village de Moura, affirmant que la mission d’établissement des faits est basée sur des entretiens avec des victimes et des témoins, ainsi que sur des sources d’informations médico-légales et autres, telles que des images satellites. 

Le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement malien, a expliqué « qu’en aucun moment, ni la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ni le Haut-Commissariat aux droits de l’homme ne lui ont adressé une demande d’autorisation pour prendre des images de Moura grâce à des satellites », soulignant qu'« en utilisant des satellites pour obtenir des images, sans autorisation et à l’insu des autorités maliennes, la Mission d’établissement des faits a effectué une manœuvre clandestine contre la sécurité nationale du Mali ».

 Par conséquent, "le gouvernement décide d’ouvrir immédiatement une enquête judiciaire contre la Mission d’établissement des faits et ses complices pour espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, des crimes réprimés par le code pénal (Article 33 et 35), ainsi que de complot militaire, un crime réprimé par le code de justice militaire (Article 130), sans préjuger de la qualification des autorités judiciaires", a annoncé la même source. Abdoulaye Maïga rappelle que « cette attitude de la Mission d’établissement des faits ressemble à un cas d’espionnage de la junte française qui avait placé illégalement un drone au-dessus de la base de Gossi, le 20 avril 2022, pour filmer des cadavres humains, minutieusement prédisposés, dans le but d’accuser les FAMa ». 

Le 13 mai dernier, les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada au Mali ont exprimé leur préoccupation à la suite des conclusions du rapport des Nations unies impliquant les Forces armées maliennes (FAMa) et le groupe Wagner, dans ces crimes avérés, notamment des violences sexuelles, des actes de torture et des exécutions sommaires.

Pour rappel, le 22 avril 2022, le colonel Soumaila Bagayoko, procureur de la République près le Tribunal militaire de Mopti, avait porté à la connaissance de l'opinion que suite aux allégations d'exactions présumées commises sur des civils dans la période du 23 au 31 mars 2022 dans la zone de Moura, à 17 kilomètres au Nord-Est de Kouakourou, dans le cercle de Djenné, région de Mopti, des enquêtes ont été ouvertes. Les FAMa avaient annoncé, en avril 2022, avoir neutralisé 203 terroristes dans une opération aéroterrestre d'envergure, menée du 23 au 31 mars 2022 dans la zone de Moura.

Noël Ndong

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