Matières premières : les 333 millions de dollars de l’Angola pour améliorer le corridor ferroviaire

Samedi 23 Juillet 2022 - 17:00

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L'investissement angolais aura pour effet d’accélérer les importations de marchandises en provenance de la RDC. En attribuant par appel d’offres l’exploitation et l’extension de cette infrastructure ferroviaire au consortium Trafigura, le gouvernement de l’Angola projette une augmentation substantielle du volume importé : 1,7 million de tonnes d’ici la cinquième année et trois fois plus au cours des vingt prochaines années, soit plus de 5 millions de tonnes.

La République démocratique du Congo (RDC) et l’Angola multiplient les initiatives d’intégration de leurs économies respectives. Après la modernisation et la réouverture du célèbre poste frontalier de Lufu, qui occupe des milliers de ressortissants des deux pays, la dernière initiative en date est la décision des autorités angolaises d’accorder 333 millions de dollars américains pour l’amélioration de la liaison ferroviaire. Il est question d’accélérer les importations des matières premières en provenance de la RDC. Par ailleurs, le projet est très avancé avec le choix du consortium par appel d’offres. Trafigura, c’est de lui qu’il s’agit, va exploiter et étendre cette infrastructure ferroviaire. Un accord de concession en gestation prévoit l’investissement du consortium de l’ordre de 256 millions de dollars américains dans les infrastructures, 73 millions dans le matériel roulant et 4,3 millions dans d’autres activités.

L’objectif du projet du reste salué par plus d’un expert des deux pays est d’arriver à transporter plus en utilisant les capacités offertes par le corridor ferroviaire. En effet, les tonnes de cuivre, de cobalt et d’autres métaux précieux transportés traditionnellement par camion via la Tanzanie ou l’Afrique du Sud prennent généralement plusieurs semaines sur la route avant d’arriver à destination, en raison de la congestion et des retards douaniers. Avec l’amélioration de la liaison ferroviaire, il y a un impact direct sur le volume transporté. Trafigura estime qu’il passera à 1,7 million de tonnes de marchandises d’ici à la cinquième année d’exploitation, 3 millions de tonnes d’ici à la dixième année et 5 millions de tonnes au bout de la vingtième année. Au sujet de l’accord de concession, les informations en notre possession indiquent qu’il est en bonne voie pour être signé dans les prochaines semaines. Autre information, l’accord s’étend sur une période de 30 ans, avec une possibilité de prolongation de 20 ans si le consortium décide de construire une liaison ferroviaire entre Luacano en Angola et la ville frontalière zambienne de Jimbe.

Aménagé pour la première fois il y a 123 ans par le Portugal, ancienne puissance coloniale, le corridor de Lobito relie le port maritime angolais de Lobito à Luau, dans l’est de l’Angola, près de la frontière avec la RDC. En renouvelant le corridor très stratégique pour l’Angola, il serait possible pour les importateurs d’utiliser pleinement l’infrastructure ferroviaire existante. Dès lors, le trafic sur la voie routière, réputé plus dangereux et moins rentable, pourrait baisser et les utilisateurs gagneraient en temps et en argent pour exporter vers les marchés internationaux. Le projet actuel va permettre non seulement d’accélérer les importations angolaises des matières premières en provenance de la RDC, mais également d’augmenter la concurrence dans l’espace logistique en offrant une alternative viable au transport routier. A terme, il est attendu une baisse des tarifs du transport des marchandises. Toujours dans le cadre des efforts sous régionaux pour accentuer les échanges économiques, il y a aussi cette bonne intention de RDC d’étendre le poste frontalier avec la Zambie pour le désengorger. Nous le disions dans l’une de nos dernières livraisons, les files de camions s’étendent sur une soixantaine de kilomètres.

Laurent Essolomwa

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