Médias : FFJ constate une dangereuse autocensure

Jeudi 17 Septembre 2015 - 13:30

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La décision serait liée, selon l’ONG, à la fermeture des médias proches de l’opposition.

Dans une communication faite le 15 septembre, à l’occasion de la célébration, de la journée internationale pour la démocratie, l’association de défense et de promotion de la liberté de la presse, Freedom for journalist-Afrique (FFJ), a dénoté une dangereuse autocensure que les journalistes s’imposent, depuis la fermeture des médias proches de l’opposition à Kinshasa. « La liberté de la presse est une exigence et même un thermomètre de la démocratie. Mais nous constatons que la démocratie est bien malade du fait de l’autocensure que les journalistes s’imposent mais aussi la fermeture, à la pelle, des médias dont la ligne éditoriale ne rencontre pas celle du régime », a déclaré le chargé d’assistance judiciaire de FFJ, Me Nkashama.

Cette organisation a, en effet, fait constater que les activités politiques couvertes par les journalistes ne sont pas rendues correctement lorsque les parties importantes de reportage sont censurées par les reporters, par peur. « A la télévision, à la radio comme dans les journaux, les reportages sont censurés de sorte que l’information censée être donnée n’apparaît pas », a souligné FFJ dont les observateurs sont présents dans certaines conférences de presse qui évoquent des questions politiques brûlantes.

L’ONG évoque, par exemple, l’autocensure que des médias présents s’étaient imposés dans leurs reportages lors d’une conférence de presse de Human Rights watch (HRW), une organisation de droit américain qui avait demandé au Président de la République de révoquer et de traduire en justice un haut responsable de la Police du fait des indices sérieux de son implication dans la violation des droits de l’homme. « Je ne peux pas faire passer cette information, car notre chaîne risque d’être fermée », aurait confié un journaliste à FFJ. « C’est trop sensible ce que les responsables de HRW ont dit. Je donne juste ce qui ne peut pas nous attirer des ennuis car le contexte ne le prête pas », aurait déclaré, pour sa part, un autre journaliste d’un des rares médias indépendants dans la capitale.

FFJ a noté que depuis que la majorité des médias proches de l’opposition sont réduits au silence, les quelques rares radios et télévisions indépendantes se censurent par peur de connaître le même sort que Canal Kin Télévision (CKTV), Canal Futur Télévision (CFTV), Radio Lisanga Télévision (RLTV) et Radio Télévision Jua Lubumbashi (RTJL), appartenant à des membres de l’opposition. Alors que C-News, un périodique indépendant paraissant à Kinshasa et réputé pour ses investigations sur la gestion jugée opaque des dirigeants, est fermé et son directeur a purgé près d’un an de prison pour « imputations dommageables ». Selon FFJ, ce journal est en règle avec l’administration de la communication et le fisc mais il est empêché de paraître lorsque ses livraisons sont systématiquement confisquées par la Police et des imprimeurs de journaux d’informations de la capitale ont reçu l’ordre de ne plus l’imprimer. « Le ministre des Médias peut bien gagner en offrant un environnement favorable à l’exercice de la liberté de la presse et accepter la contradiction. Présenter ce périodique comme un tract n’est pas correct puisque les preuves de la régularité et de la légalité du journal sont archivées à son administration dont FFJ a pu obtenir copies. L’autocensure que s’imposent les médias est préjudiciable à la démocratie et est l’antithèse du principe fondamental du droit du public à l’information », a ajouté Mè Nkashama.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Les journalistes lors d'une manifestation de l'UDPS/ Photo Adiac Photo 2: La presse lors d'une activité de la Céni/Photo John Bompengo

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