Menaces d’Al-Qaïda dans le Golfe de Guinée : les experts appellent à une action concertée des Etats

Mardi 9 Février 2021 - 13:08

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En perte de vitesse au Sahel, l’organisation terroriste cherche à étendre son action dans le Golfe de Guinée qui comprend, entre autres, le Bénin, le Togo, le Cameroun, le Gabon, les deux Congo et l’Angola. Informés par le renseignement français, selon lequel, les insurgés développent actuellement un « projet d’expansion » vers la région, les experts en sécurité en appellent à l’action conjuguée des dirigeants.

Les pays concernés sont plus ou moins en alerte et assurent une vigilance permanente pour faire face à quelque menace que ce soit. « Nous constatons tout simplement qu’il y a une annonce qui vient enfoncer une porte déjà ouverte : nous étions suffisamment alertés depuis plusieurs années sur la menace terroriste que subit notre sous-région », relève Sidi Touré, ministre ivoirien de la Communication. « Depuis des années, des dispositions ont été prises pour faire face à quelque menace que ce soit (...) dans une coopération bien intelligente entre les services nationaux et internationaux », indique-t-il.

Du côté des experts de la région, certaines propositions sont faites ouvertement, appelant les chefs d’Etat et leur gouvernement à tout mettre en œuvre pour contrer la menace d’Al-Qaïda ou de toute organisation terroriste. Pour Arthur Banga, chercheur ivoirien en histoire des stratégies militaires, la lutte contre le terrorisme devrait être une « réponse humaine et sociale qui doit associer les forces vives de la nation, les organisations de la société civile, les leaders communautaires, qui doit identifier les faiblesses sur lesquelles les groupes terroristes peuvent se fixer pour endoctriner des jeunes ».  L’expert propose également quelques pistes pour résoudre la problématique du terrorisme : « La lutte contre la radicalisation, la lutte contre la pauvreté, une décentralisation plus accrue, ce sont les solutions qui contribuent à limiter l’influence des groupes terroristes ».

Les terroristes disséminés dans les pays cibles

Alors que certains pays dont la Côte dIvoire et le Burkina Faso qui avaient déjà été victimes des attaques terroristes ont renforcé leurs dispositifs de sécurité, des experts avertissent que la réponse militaire ne suffit pas pour vaincre cette nouvelle menace. « Si vous répondez par le tout sécuritaire, vous vous trompez dans votre réponse », souligne Arthur Banga.

Dans le même ordre d’idées, Emmanuel Odilon Koukoubou, expert béninois en sécurité et défense pense que si les Etats de la région consolident leurs actions militaires, ils doivent aussi « relever le niveau de vie des populations, faire des zones frontalières avec les pays du Sahel de véritables espaces de développement durable » pour mieux faire face à la menace djihadiste. « Il faut travailler à une meilleure coopération régionale entre les différents Etats de la zone », insiste-t-il.

Selon Bernard Emié, le patron du renseignement extérieur français, une réunion rassemblant les plus hauts responsables locaux de la centrale djihadiste s’était tenue dans le centre du Mali en février 2020. La rencontre avait pour but de préparer des opérations de « grande ampleur sur les bases militaires », affirme le chef de la direction générale de la sécurité extérieure.

« C’est là que les chefs d’Al-Qaïda au Sahel ont conçu leur projet d’expansion vers les pays du Golfe de Guinée », précise-t-il, ajoutant que les pays de la région sont désormais des cibles du groupe terroriste qui finance des hommes disséminés en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Nigeria, au Niger et au Tchad.

Nestor N'Gampoula

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