Météorologie : un déficit de 33 milliards de dollars révélé par Oxfam

Mardi 28 Juin 2022 - 12:19

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Pour chaque appel nécessaire lié aux conditions météorologiques de l’Organisation des Nations unies (ONU), les pays donateurs fournissent un dollar, selon Oxfam. Les pays à revenu élevé n’ont répondu qu’à environ 54% des appels depuis 2017, ce qui a entraîné un déficit de 33 milliards de dollars, selon les conclusions du rapport intitulé « Payer la facture ».

Le montant nécessaire pour les appels humanitaires de l’ONU impliquant des événements météorologiques extrêmes comme les inondations ou la sécheresse est aujourd’hui huit fois plus élevé qu’il y a vingt ans, et les donateurs ne parviennent pas à suivre, révèle une nouvelle étude d’Oxfam. Pour chaque appel indispensable lié aux conditions météorologiques, les pays donateurs ne fournissent qu’un dollar. Les appels annuels moyens de financement humanitaire liés aux conditions météorologiques extrêmes pour la période 2000-2002 se sont élevés à au moins 1,6 milliard de dollars et ont atteint une moyenne de 15,5 milliards de dollars en 2019-2021, soit une augmentation de 819 %, à l’écart de vingt ans. Les pays riches, responsables de la plupart des impacts actuels du changement climatique, n’ont répondu qu’à environ 54% de ces appels depuis 2017, laissant un déficit allant jusqu’à 33 milliards de dollars.  Sont cités, parmi les pays ayant les appels les plus récurrents concernant les conditions météorologiques extrêmes, le Burkina Faso, le Burundi, le Tchad, la République démocratique du Congo, Haïti, le Kenya, le Niger, la Somalie, le Soudan du Sud, le Zimbabwe et l’Afghanistan.

La directrice générale d’Oxfam, Gabriela Bucher est catégorique.  « On ne peut pas s’attendre à ce que les pays pauvres paient la facture, et l’augmentation de l’aide -bien qu’utile -n’est pas la seule réponse. Le paiement du coût des pertes et des dommages causés par le climat devrait avoir pour base la responsabilité - et non la charité. Les pays riches, les riches et les grandes entreprises les plus responsables du changement climatique doivent payer pour les dommages qu’ils causent», estime-t-elle.

 La fréquence et l’intensité croissantes des phénomènes météorologiques extrêmes dus au changement climatique exercent une pression accrue sur un système humanitaire déjà surchargé et sous-financé, selon l’étude. Les coûts de la destruction causée par ces tempêtes, sécheresses et inondations augmentent également les inégalités. Les habitants des communautés les plus pauvres et des pays à faible revenu sont les plus touchés, mais ils n’ont pas les systèmes et les financements dont disposent les pays les plus riches pour faire face aux effets. Le un pour cent le plus riche de la population sur terre émet deux fois plus de pollution par le carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité.

Rien qu’en 2021, le coût économique des phénomènes météorologiques extrêmes a été estimé à 329 milliards de dollars, la troisième année la plus élevée jamais enregistrée. C’est près du double de l’aide totale accordée par les pays riches au monde en développement cette année-là. En terme des coûts des pertes et des dommages pour les pays à revenu faible et intermédiaire – par exemple, l’argent nécessaire pour reconstruire des maisons et des hôpitaux ou fournir des abris, de la nourriture et des transferts monétaires d’urgence après un cyclone - pourraient atteindre entre 290 et 580 milliards de dollars par an d’ici à 2030. Cela ne tient pas compte des pertes non économiques telles que la perte de vies, de cultures et de modes de vie ainsi que de biodiversité. Or, les appels de l’ONU ne couvrent qu’environ 474 millions des quelques 3,9 milliards de personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire touchés par des catastrophes météorologiques extrêmes depuis 2000, soit l’équivalent d’une personne sur huit.

« L’activité humaine a créé un monde 1,1°C plus chaud que les niveaux préindustriels et nous en subissons maintenant les conséquences. Plus alarmant encore, nous dépasserons le seuil de sécurité de 1,5°C sur les projections actuelles », s’inquiète Gabriela Bucher, s’élevant contre « le chaos climatique » à venir face aux pays déjà confrontés à d’autres crises telles que les conflits, l’inflation alimentaire et l’impact économique de la pandémie de covid-19. Ce qui conduirait à une augmentation rapide des inégalités, des déplacements massifs, de la faim et de la pauvreté. Le Programme des Nations unies pour le développement estime que 80 % des personnes déplacées par le changement climatique sont des femmes.

Pour rappel, les pays riches et industrialisés ont contribué à environ 92 % des émissions historiques excédentaires et à 37 % des émissions actuelles. Les émissions actuelles de l’Afrique ne s’élèvent qu’à 4 %. Le Kenya, la Somalie, le Soudan du Sud et l’Éthiopie, où plus de 24,4 millions de personnes sont aujourd’hui confrontées à de graves niveaux de faim et d’insécurité alimentaire, ne sont responsables ensemble que de 0,1% des émissions mondiales actuelles. Lors de la COP26 à Glasgow, en Ecosse, les pays industrialisés ont rejeté les appels des pays en développement en faveur d’un nouveau mécanisme de financement pour faire face aux pertes et dommages et ont plutôt convenu d’un « dialogue de Glasgow » de trois ans pour discuter des arrangements futurs. Pour Gabriela Bucher, « cela ne fait qu’ajouter l’insulte à la blessure ».

Noël Ndong

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