Minerais : l'or à la place du cuivre

Samedi 17 Octobre 2015 - 14:45

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Au cours de sa traditionnelle conférence de presse trimestrielle le 16 octobre à l'hôtel Memling, Kibali gold mine a confirmé la possibilité de dépasser ses prévisions de 600 000 OZ à la fin de l'année alors que sa production représentait 526 000 onces d'or en 2014 et moins de 100 000 en 2013. Détentrice de dix permis couvrant une superficie d'environ 1 834 km², la compagnie minière dispose de ses champs aurifères à Moto, à 560 km au nord-est de la ville de Kisangani. Elle est le fruit d'une joint-venture entre Randgold (45%), Anglogold Ashanti (45%) et la Sokimo (10%), une société étatique congolaise.       

La bonne nouvelle intervient dans une conjoncture internationale très difficile. Après le "super cycle" dans les prix des matières premières, le ralentissement de l'économie mondiale et l'essoufflement de la croissance de la Chine qui absorbait jusque-là l'essentiel de la production minière africaine dont celle de la RDC ont eu des effets destabilisateurs sur le marché des matières premières. 

Émergence

L'industrie minière congolaise a connu une véritable émergence, avec des recettes dépassant 1,5 milliard de dollars américains USD en 2014. Pour certains partenaires au développement dont la Banque mondiale, le niveau de mobilisation des recettes minières restent bien en-deça du potentiel exploité. Mais Kibali gold mine a rappelé que l'industrie minière en RDC représente 24% d'emplois officiels et une augmentation notable de la production cuprifère. Comme l'explique le directeur exécutif de Randgold, Mark Bristow, toutes les six grandes mines sont opérationnelles sur les gisements connus à ce jour. Répondant aux plus pessimistes, au regard du contexte international défavorable, Mark Bristow a insisté sur le fait que la RDC a attiré plus d'investissements aux dépens de la Zambie (cuivre) ces dix dernières années en dépit de la perception négative post guerre civile. "70% de dépenses en recherche ont été proches de projets miniers et de zones désaffectées".

S'adapter au changement

Mark Brislow est favorable à une exploitation minière adaptée au contexte du changement des principaux marchés de matières premières dont l'or ( à son plus haut niveau), le cuivre, le cobalt et l'étain. Actuellement, c'est le secteur aurifère qui fait la différence. Contrairement au cuivre exploité depuis la colonisation, l'or commence à peine à se développer de manière intensive. Il faut réaliser d'importants défis, notamment l'exploration pour découvrir les nouveaux gisements. Et l'appui du gouvernement est indispensable pour encourager des nouveaux investissements dans le secteur. En effet, a martelé Mark Brislow, pour faire face à l'économie mondiale en état de crise, à la chute des matières premières avec un petit signe de reprise, à l'arrêt des recherches en zones désaffectées et au risque des licenciements massifs et de fermeture de certains projets, la clé réside dans la consolidation des acquis de ces dix dernières années. "Ensemble avec les autres sociétés minières en opération en RDC, nous applaudissons la décision du gouvernement, qui a accepté de se pencher à nouveau sur les modifications proposées à la loi nationale sur les mines qui sont, à notre avis, gravement déficientes. Le gouvernement a été réceptif à des négociations supplémentaires avec l'industrie minière".

Kibali : maintenir le cap

Pour sa part, Kibali s'est dit déterminé à poursuivre sur sa lancée dans le secteur de l'exploitation. Pour y parvenir, la compagnie continue à investir. Il y a, par exemple, la mise en valeur de la mine UG, la conception de la centrale hydroélectrique d'Azambi, le circuit de déschlammage, le circuit de récupération du carbone, l'usine de remblais en pâte et remplissage des chambres, la constitution d'une société de transport avec actionnaires congolais pour transporter tous les matériaux non-spéciaux vers la mine et l'étude de faisabilité sur l'huile de palme avec l'engagement du gouvernement à y investir.

Par ailleurs, certains maux continuent à ronger le secteur minier, notamment la violation des textes, l'absence de soutien du gouvernement aux actions sociales de Kibali dans la santé et l'éducation, l'expoitation minière illégale, etc. Avec l'installation des nouvelles provinces et la dépendance de Kibali désormais à trois provinces, les dirigeants de cette compagnie minière ont proposé au gouvernement l'ouverture d'un compte où Kibali pourrait honorer ses charges fiscales avec la rétrocession aux nouvelles entités par des mécanismes officiels. Il s'agit d'éviter la confusion administrative et surtout de prévénir le manque des capacités pendant la période d'installation des nouvelles provinces. 

Dans le cadre du développement local, en dehors des propositions de création d'une usine d'huile de palme et du projet pilote de 82 hectares sur le maïs pour soutenir l'économie locale, il y a d'autres projets visant particulièrement la formation en entrepreneuriat avec le concours de la Graduate school of business de l'Université de Cape Town, la première station de télévision en accès libre et des installations de développement économique pour accorder des prêts aux petits agriculteurs et aux entrepreneurs locaux. Kibali a remis des chèques aux associations locales. Pour la fin 2015, la compagnie espère obtenir la certification environnementale ISO 14001 et engager un processus d'acrréditation de sécurité OHSAS 18001. Déjà, elle a bénéficié de deux trophées cette année. Et pour 2016, il y a déjà l'arrivée annoncée d'investisseurs potentiels dans sa mine.

 

 

Quelques priorités

Laurent Essolomwa

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