Mines : des milliers de clandestins autour des sites industriels dans l’est de la RDC

Samedi 21 Décembre 2013 - 15:13

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Trois mille exploitants illégaux sont opérationnels aux alentours du projet Twangiza (nom du village accueillant le projet) de Banro Corporation, au Sud-Kivu.

 La province a repris avec la production industrielle de l’or en situation d'arrêt avec les crises politico-militaires successives et la montée de l’insécurité. Depuis quelques années, les exploitants industriels ont repris du service dans les sites jadis abandonnés et occupés anarchiquement par les exploitants illégaux. L’or et la cassitérite sont les deux ressources exploitables au niveau industriel dans la province, et les mines apportent des revenus à 90% des ménages. D’où la complexité du problème posé par les exploitants illégaux. Dans le cadre de la révision du Code minier de 2002, le volet de l'exploitation artisanale non pris en compte devait trouver des solutions durables dans le cadre de la nouvelle loi. 

La compagnie minière canadienne Banro a débuté la construction de son usine de Twangiza vers fin 2006 et début 2007. Face à ces milliers d’exploitants illégaux, elle juge nécessaire de réfléchir sur une démarche capable de mieux réguler les exploitations aurifères à petite échelle dans sa concession. La question est loin de constituer une préoccupation pour les opérateurs miniers. Même l'administration des mines a réfléchi longuement sur les voies et moyens de mieux organiser le secteur artisanal pour arriver à mettre fin au travail des exploitants illégaux. Elle a déploré le déficit infrastructurel dans les zones artisanales, et la faiblesse des taxes prélevées localement par rapport à celles provenant des industriels. Elle préconise de multiplier les coopératives pour un meilleur encadrement des artisanaux, et une possibilité de meilleur accès au crédit. De même, la réorganisation des centres de négoce devrait aider à la constitution des mercuriales pour contraindre les artisanaux à travailler professionnellement.

À terme, l’idée est aussi d’interdire l’exportation des minerais à l’état brut sans une plus-value ou une valeur ajoutée qui ne peut provenir que des exploitants industriels. Auparavant, cette compagnie minière avait intégré une partie des creuseurs clandestins dans la construction de l’usine du projet Twangiza, située dans la ceinture aurifère africaine inexploitée longue de 210 km allant de Twangiza à Namoya. Il s’agissait du plus grand projet pour Banro qui l’a placé d'ailleurs en priorité sur les autres projets (Namoya, Luguswa et peut-être Kamituga) pour des raisons d’accessibilité au site. Une partie des creuseurs se trouvait d'office absorbée. Et pour le reste, il fallait trouver d’autres solutions car le « chômage forcé » allait continuer à les faire revenir en masse dans la concession. Banro détient des permis sur des sites estimés à 200 km à travers les provinces du Sud-Kivu et du Maniema.

Pour rappel, des données historiques de plus de 80 ans ont confirmé la présence de l’or à Twangiza. Les travaux d’exploration ont débuté dans les années 1957, et cela a permis de consolider les renseignements sur le projet Twangiza. Une faible exploitation a été lancée près de la rivière Mwana mais le projet Twangiza a permis véritablement de lancer une exploitation industrielle d'envergure. Au début de cette exploitation, la première du genre, l’on estimait encore la disponibilité de 80% des ressources du site. Le projet Namoya, du reste, très avancé commencera l’extraction dans la mine au premier trimestre 2014.

Laurent Essolomwa