Mines : le commerce illicite de l’or en plein essor

Mercredi 18 Janvier 2023 - 17:15

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Le phénomène vient s’ajouter à une série d’autres constats inquiétants, notamment le déficit énergétique, l’exploitation des minerais à l’état brut, la fraude et la contrebande. Selon la dernière révélation de la ministre des Mines, Antoinette N’Samba, des négociants et exportateurs non autrement identifiés font déjà l’objet d’une étroite surveillance des services compétents. Entre-temps, des solutions alternatives sont trouvées pour une exploitation plus rationnelle de ce minerai en République démocratique du Congo.

Depuis plusieurs décennies, l’exploitation illicite de l’or a fait l’objet de nombreuses dénonciations tant de la société civile que des principales industries aurifères et de la communauté internationale. Aucune mesure n’a pu enrayer l’hémorragie du manque à gagner, qui a des conséquences inestimables sur l’économie nationale. Dans un mémo publié en 2022 par les travailleurs du Centre d’expertise et d’évaluation des substances précieuses et semi-précieuses (CEEC), plus d’un milliard de dollars américains  échapperait annuellement au Trésor public faute de moyens humains et matériels pour contenir la fraude. Pour avoir une idée plus nette de la profondeur du mal, le pays a exporté officiellement 26 kgs d’or artisanal en 2021, une quantité purement et simplement ridicule. En effet, Kinshasa a procédé récemment à la première expédition symbolique de 28 kgs d’or. Il s’agit du résultat de cinq jours d’activité dans le Sud-Kivu de Primera Gold DRC SA, une co-entreprise née du partenariat entre la RDC et les Émirats arabes unis. Aucun des 9 comptoirs officiellement opérationnels n’a pu atteindre une telle performance par le passé.

L’objectif est d’expédier, d’ici trois mois, environ une tonne par mois d’or « certifié » et d’arriver à quelque 15 tonnes par an. Bref, les efforts visent à capter toute la production de l’or de l’exploitation artisanale et d’exporter plus de 15 tonnes annuellement. Environ 30 000 mineurs artisanaux ont d’ores et déjà été identifiés pour fournir de l’or à cette société. Le processus devrait s’étendre avec la signature prochaine d’un autre joint-venture entre la RDC et Primera Metal DRC pour l’étain, le tungstène et le tantale. Si les chiffres peuvent indiquer effectivement un nouveau départ, il est question de stopper la contrebande et l’exploitation illicite dans l’est du pays. Plusieurs sources bien informées parlent d’une vingtaine de tonnes d’or qui seraient extraites chaque année par les creuseurs ou mineurs artisanaux. Le phénomène d’exploitation illicite a servi à alimenter les mouvements politico-militaires et autres trafics. Il nous revient que Primera Gold DRC aurait enjoint à tous les négociants d’être bancarisés, et toutes les transactions passent obligatoirement par le circuit bancaire. Les artisanaux partenaires sont réunis en coopératives viables. Il a été mis sur pied un circuit reliant les exploitants miniers artisanaux aux négociants et autres acheteurs agréés ainsi que les centres spécialisés d’achat et d’exploitation installés à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu.

Tout l’enjeu est d’assurer une bonne traçabilité de la chaîne d’approvisionnement. Et les résultats sont visibles en moins d’une semaine d’activité. En effet, du côté du gouvernement, on se félicite de ces résultats. Au cours de la dernière réunion du conseil des ministres, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi a exprimé une note de satisfaction à cet effet pour la première fois depuis presque trois décennies. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

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