Mois de mars : que se passe-t-il ensuite ?

Vendredi 31 Mars 2023 - 14:50

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Au Congo, outre la Journée internationale des droits des femmes célébrée le 8 mars de chaque année, le mois de mars est considéré comme un moment dédié à la femme. À cet effet, plusieurs activités en lien avec son émancipation sont menées tout au long de ce mois.

Défilés, conférences-débats, marches, sensibilisations, célébrations en tout genre ont fait partie des animations les plus observées lors de ce mois de mars. Avec ferveur, les rôles modèles féminins et organisations féminines du Congo ont montré leur savoir-faire, engagement et désir de faire bouger les lignes. Puis, rendez-vous en mars prochain.

En effet, il existe un « pendant le mois de mars » au Congo, mais « un avant » et « un après mars » peinent à se dessiner. Lorsqu' avril pointe son nez, tout recommence. Les discours tenus et activités organisées ne sont plus qu’un lointain souvenir. Après avoir pointé les progrès qui tardent à venir, les inégalités persistantes, les discriminations tenaces et les solides plafonds de verre sur les plateaux de télévision, les réseaux sociaux ou dans la rue, chacune retourne à ses occupations, oubliant presque tout ce qui avait été dit, retournant à sa place, pour jouer son rôle, dans les habituelles conditions.

Pareille ritournelle n’est pas entièrement inutile. Mais cette mobilisation, autour des droits des femmes cantonnées tout au long du mois de mars, a à sa façon quelque chose d'irritant, sinon d'offensant. Car, en plus de n'être qu'annuelle et formelle, dans les faits, pratiquement rien n'a bougé. Les grilles salariales et organigrammes sont toujours défavorables aux femmes, les stéréotypes toujours actifs et le droit de cuissage toujours au menu.

Dans les discours, non plus rien n'a changé fondamentalement. On déplore, on exhorte et mobilise presque de façon mécanique ces femmes congolaises qui, encore aujourd’hui, résument les droits des femmes au port du pagne et à diverses célébrations tenues tout le mois de mars.

C’est dans les esprits que tout commence à bouger, avec la prise de parole, de conscience, de l'omniprésence des plateformes de dénonciation, et une mobilisation active qui fera, désormais, de chaque jour de l'année le Jour des droits des femmes.

Il se peut que nous soyons en train de passer, indubitablement, des discours d'un jour qui ne changent rien aux actions durables qui changent tout. Raison pour laquelle, les jours suivants le 8 ou le mois de mars ne doivent plus être ceux où tout retombe. Plutôt ceux où, même sans fanfares, tout continue à être de moins en moins comme avant dans le quotidien des femmes congolaises.

 

Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

1- Des femmes lors d'un défilé organisé pour le 8 mars/Adiac 2- Une femme dans la perspective d'un achat du pagne du 8 mars/©Gaston Bassouamina/DR

Notification: 

Non