Musique : Freddy Tsimba et Serge Kakudji réunis par « Coup fatal »Samedi 14 Juin 2014 - 0:30 Le sculpteur assure la scénographie de la dernière création en date d’Alain Platel, qui met en scène le contre-ténor en compagnie de treize musiciens partis de Kinshasa pour une interprétation inédite de diverses compositions baroques en perspective d’une tournée mondiale Le décor, « un rideau de douilles de munitions de 15 x 4 mètres », porte l’empreinte de son créateur, Freddy Tsimba. Cette nouvelle création, qui, selon ses propres estimations, pèse 360 kilos, reste dans les cordes du plasticien. Elle rappelle bien la longue série d’œuvres monumentales qui l’ont rendu célèbre et auxquelles il nous a désormais habitués. Le sculpteur a monté son impressionnante pièce pour la première fois à Vienne cette semaine. En effet, c’est la capitale autrichienne qui a eu le privilège d’abriter la première mondiale de Coup fatal le 10 juin au Burgtheater, dans le cadre des Wiener Festwochen. La création a ensuite été rejouée les 11 et 12 à la grande satisfaction du public, ainsi que nous l’a confié ce vendredi Serge Kakudji : « Les trois représentations furent des réussites. Le public applaudissait même aux moments où l’on s’y attendait le moins », a-t-il affirmé. La réaction ainsi observée était d’autant plus ravissante qu’elle balayait la grande appréhension ressentie au début de l’aventure : « Livrer un spectacle de ce genre en Autriche, le pays de la musique classique, était un défi énorme, nous a-t-il confié avec de l’émotion dans la voix. Surtout que dans Coup fatal, on ne sait finalement plus établir un distingo entre le baroque et la musique congolaise. On ne sait plus dire où commence le génie congolais et où intervient le baroque ! » Coup fatal ou coup de foudre ? De l’avis de Serge Kakudji, Coup fatal est chargé d’une forte symbolique : « Le spectacle réunit le monde aujourd’hui, il permet de se réunir autour d’une musique partagée. Je crois que le public viennois l’avait ressenti aussi et en était très ému, moi j’en suis heureux ! » On ne saurait être surpris de l’enchantement produit par Coup fatal, décrit par un journaliste belge comme un « un ensemble exubérant, organique, de phrases baroques, de musique congolaise traditionnelle et populaire, de rock et de jazz ». Inédit, il a été conçu avant tout comme un concert à la faveur d'une belle musique concoctée à partir de l’habile orchestration de Rodriguez Vangama jouant lui-même de la guitare électrique. Ses acolytes, Costa Pinto (guitare acoustique), Angou Ingutu (guitare basse), Bouton Kalanda (likembe), Erick Ngoya (likembe), Silva Makengo (likembe), Tister Ikomo (xylophone), Deb’s Bukaka (balaphone), Cédrick Buya (percussion), Jean-Marie Matoko (percussion), 36 Seke (percussion) ainsi que les chœurs assurés par Russell Tshiebua et Bule Mpanya y ont mis du cœur. D’une durée d’une heure et dix minutes, Coup fatal est réalisé sous la direction artistique d’Alain Platel qui lui a donné sa forme théâtrale avec l’aide du danseur Romain Guion. Dès lors, comme l’a souligné le metteur en scène, il se veut « aussi un hommage à l’élégance sans concession des Congolais ». Et d’expliquer ici pourquoi il a exprès « demandé aux musiciens de bouger (c’est d’ailleurs difficile pour eux de ne pas bouger) et de s’habiller comme des sapeurs de Kinshasa ». Au reste, s’il faut ajouter que la direction musicale par Fabrizio Cassol et Rodriguez Vangama a du bon, Coup fatal demeure avant tout une idée de Serge Kakudji et de Paul Kerstens. Le jeune contre-ténor, fort réjoui du « bon retour » de l’œuvre, le tient pour son « projet ultime », tout à l’image du Coup fatal à ne pas prendre pour une action funeste mais pour un beau « coup de foudre », suggère-t-il. Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Une vue des musiciens jouant de leurs instruments avec le rideau de douilles dans le fond. (© DR) ;
Photo 2 : Une scène avec les musiciens transformés en sapeurs et Rodriguez jouant de la guitare derrière le rideau de douilles. (© DR)
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