Musique : Pointe-Noire Paris ou le rêve américain

Jeudi 23 Juin 2022 - 20:05

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A quoi rêvent les jeunes filles congolaises ?  L’une des réponses est dans « Pointe-Noire Paris », le nouveau single de Zina Hope qui s’interroge : « C’est grand comment la Tour Eiffel ? »

Paris, l’une des plus belles villes du monde, surnommée Ville lumière, nourrit les rêves de nombreuses jeunes femmes au Congo.  C’est en substance le résumé de « Pointe-Noire Paris »,  le  dernier single de la chanteuse ponténégrine Zina Hope.  Cette nouvelle chanson révèle une réalité quotidienne où quitter  Pointe-Noire ou Brazzaville pour aller vivre en France est en quelque sorte « le rêve américain » pour de nombreuses jeunes femmes congolaises.  Quitte à prier pour rencontrer le prince charmant afin de s’échapper d’une situation bien souvent précaire, ces jeunes congolaises aimeraient autant qu’il soit « mundélé » ce qui reste dans l’imaginaire le plus court chemin dans l’obtention du précieux sésame, le fameux visa Schengen !  Pour d’autres, la love story n’a rien du passage obligé et reste  simplement une ambition personnelle pour une vie meilleure. 

Quoiqu’il en soit, Paris et sa Tour Eiffel représentent « le rêve américain », un idéal et un concept, datant des XVIIIe et XIXe siècles,  pris comme modèle par des milliers de colons pour trouver gloire et richesse en Amérique.  En lieu et place de l’Amérique, les congolaises rêvent donc, quant à elles, de Paris. Un paradis ? Pas si sûr !  Les potentielles princesses qui s’imaginent déjà  faire leur shopping sur les Champs Elysées ou, pour les plus raisonnables, à Château  rouge où l’on parle majoritairement le lingala, s’exposent à quelques possibles désillusions. Barrière de la culture, différence de climat, condition d’accès au travail et au logement difficile, vie chère, discrimination raciale, l’herbe ne serait peut-être pas forcément plus verte dans ce nouvel ailleurs et la vie pas aussi rose qu’on ne l’imagine. 

Pour autant, Zina Hope chante cet espoir d’une vie meilleure pour ses sœurs de couleur comme vieillies avant l’âge par la débrouille, à vendre tantôt de l’eau glacée sur le goudron, tantôt du pétrole et du charbon dans la cour ou encore des "makwala", bassine sur la tête, dans les ruelles.  Le rêve est tenace et on ne peut que le comprendre au regard des horizons bouchés pour la jeunesse congolaise. Sans volonté de décourager certaines d’entre elles, on citera pour finir l’humoriste George Carlin : « Le rêve américain, il faut être endormi pour y croire ». 

 

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Zina

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