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Mwana Mboka

Mercredi 3 Novembre 2021 - 18:17

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On peut dire qu’il était de toutes les batailles. Dans les années 1980, l’homme qui vient de nous quitter, avant-hier, 1er novembre, El Hadj Djibril Bopaka, pour ne pas le citer, se fit connaître comme un jeune entrepreneur porté par une grande ambition. Celle de se frayer le chemin dans ce monde très concurrentiel du business où deux choses sont à peu près prévisibles : on gagne ou gagne pas. La première hypothèse sied aux hommes et femmes d’affaires couplant leur ardeur au travail à un peu et même beaucoup de chance ; la seconde à ceux et celles qui n'y arrivent pas.

Dans le cas de l’homme dont nous consacrons ces quelques lignes, peut-être que son ardeur au travail a eu pour fidèle compagnon l’opiniâtreté et donc aussi un peu de chance comme indiqué plus haut. On l’a connu en ces années quatre-vingt-là sous un label tout à fait célèbre : « Bopaka-peinture-mwana-mboka ». La plage publicitaire livrée sur les antennes de Radio-Congo à cette époque l’était par Laurent Botséké, dont on connaissait la puissance de la voix et la justesse du choix des mots en lingala, langue locale qu’il maîtrisait plus que tout autre journaliste si on excepte le doyen Henri Pangui Mobimba.

Bopaka s’était spécialisé dans la production ou la commercialisation de la peinture pour bâtiments, ou les deux, un secteur d’activités alors dominé par les étrangers. Mwana Mboka pouvant être traduit par « Fils du pays », l’annonce publicitaire avertissait à peu près que dans le monde des affaires, un Congolais peut aussi mieux faire. Il y avait sans doute aussi cette fierté légitime que Bopaka-Peinture soit de Mossaka comme Laurent Botséké qui répétait l’alerte radio avec force application.

De fil en aiguille, l’homme d’affaires se reconvertit à la religion musulmane, devint le bien nommé El Hadj Djibril Bopaka. Opiniâtre cela a été dit, il n’a pas abandonné sa passion première. Comme il aimait aussi prendre les devants là où certains hésiteraient, il a pris la tête de l’organisation des opérateurs économiques congolais. On peut dire que jusqu’à son dernier souffle, il a porté le message de sa corporation exigeant du gouvernement le traitement de la dette intérieure avec un franc-parler quelque fois déroutant.

Militant du Parti congolais du travail, il semblait jouir de la liberté de dire ce qu’il pensait quand il le fallait. Il avait néanmoins toujours prôné la modération jouant de cet attribut pour calmer le jeu ou les jeux dans une société congolaise parfois malmenée par les acteurs les plus en vue du champ politique. On l’a vu à plusieurs reprises appeler ses frères de la religion à tout mettre en œuvre pour préserver la paix sociale et l’unité nationale. Chacun de nous a ses traits de caractère. Bopaka était un battant.

Les Dépêches de Brazzaville

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