Niger : deuil de trois jours après le décès de Mamadou Tandja

Mercredi 25 Novembre 2020 - 14:45

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L’ancien président du Niger, Mamadou « Baba » Tandja, qui avait dirigé le pays de 1999 à 2010, est décédé le 24 novembre à Niamey à l’âge de 82 ans, selon un communiqué de la présidence de la République.

« Le président de la République et le gouvernement ont le regret de vous annoncer le décès de son excellence Tandja Mamadou, ancien président de la République du Niger, décès survenu ce jour 24 novembre à Niamey. Un deuil de trois jours sera observé sur toute l’étendue du territoire national », précise le texte.

Ancien militaire ayant participé au putsch contre le président Diori Hamani, au profit du général Seyni Kountché, Mamadou Tandja avait ensuite été ministre à plusieurs reprises avant d’être élu président de la République en 1999.

Renversé en 2010 par un putsch militaire, en voulant s’accrocher au pouvoir après les deux mandats auxquels lui donnait droit la Constitution, Tandja restait une figure populaire au Niger. Avec le temps la rue semblait avoir oublié les derniers mois de son régime pour ne retenir que l’image de « Baba » Tandja, le père de la nation qui luttait contre la pauvreté.

Alors que ses partisans ont longtemps espéré son retour sur la scène politique, Tandja s’était définitivement retiré, après des soins médicaux en France en 2015.

Colonel de l’armée, Mamadou Tandja s’est fait connaître par un coup d’Etat, en avril 1974. Il avait alors participé à renverser Hamani Diori, le premier président du Niger post-indépendant, par les putschistes conduits par le général Seyni Kountché. Rapidement, il devient homme d’Etat, puis est plusieurs fois nommé préfet et ministre de l’Intérieur.

En mai 1990, il dirige la répression d’une manifestation de Touaregs qui se solde par un bain de sang (soixante-trois morts) et qui déclenche la première rébellion dans le nord, entre 1991 et 1995.

Membre du MNSD (ancien parti unique), Mamadou Tandja devient président en 1999. Il est réélu en 2004. A la fin des années 2000, de 2007 à 2009, il doit faire face à une nouvelle rébellion touarègue. Il ordonne à l’armée de mater ce mouvement.

C’est sur le plan social que Mamadou Tandja laisse les meilleurs souvenirs, car il aura tenté de « renforcer le pouvoir d’achat des paysans », afin qu’ils puissent « mieux se nourrir », s’éduquer et « soigner leurs enfants », comme il le déclarera lui-même dans un discours.

Mamadou Tandja a employé les fonds provenant de l’annulation des dettes du Niger pour lancer aussi une politique de grands travaux (écoles, centres de santé, électrification etc.). Il a encouragé également le micro-crédit aux femmes dans les zones rurales, instauré la gratuité des soins pour les femmes et enfants de moins de cinq ans. Aussi se veut-il impitoyable contre la corruption et fait incarcérer les ministres et parfois même ses amis impliqués dans des affaires de malversations.

Vers la fin de sa vie, les Nigériens retenaient surtout son image de père de la Nation (« Baba Tandja »), de l’homme qui avait lutté contre la pauvreté de ses concitoyens. Un ancien conseiller à la présidence, Oumarou Cissé Issa, allait même récemment jusqu’à le qualifier de « légende ».

Yvette Reine Nzaba

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