Nouveau rapport international sur la RDC : pays fragile, faible revenu par habitant et perspective stable

Lundi 9 Septembre 2013 - 16:10

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Moodys’s investors service, société mondialement reconnue pour ses notations financières, a attribué la note B3 au pays, justifiée à la fois par le constat de la fragilité de l’économie et du très faible niveau du revenu par habitant mais aussi, paradoxalement, par une projection de croissance à 8%, soit 2% de plus que le taux moyen enregistré sur les dix dernières années.

À en croire Moody’s, cette croissance ainsi projetée dans les mines sera le fruit à la fois des investissements étrangers importants dans le secteur et de la reprise attendue de la consommation nationale. La société spécialisée dans l’analyse financière d’entreprise commerciale ou d’organes gouvernementaux a estimé que le plus dur est passé dans la crise politico-militaire qui a secoué la RDC ces vingt dernières années, particulièrement dans sa partie septentrionale.

Concrètement, l’analyse de Moody’s est arrivée à quatre constats importants. D’abord, la société a reconnu la fragilité de l’économie congolaise, quoiqu'il y ait une perspective économique solide. Ensuite, elle a noté une très grande précarité institutionnelle, malgré une amélioration des indicateurs ces dix dernières années. Dans son analyse, elle a aussi constaté la faiblesse des paramètres budgétaires, même s'il y a eu une remise de la dette multilatérale en 2010.  Enfin, le pays reste vulnérable aux risques tant économiques que politiques découlant de ses réserves budgétaires et de change relativement limitées mais aussi des fortes disparités économiques régionales et de l’instabilité résurgente dans l’est du pays.

Pour autant, les perspectives minières intéressantes arriveront à compenser la fragilité de l’économie et le très faible niveau de revenu. Moody's a fait état de la performance du système fiscal au cours de la dernière décennie. Aussi la société a-t-elle tablé sur une amélioration de la situation budgétaire de la RDC en 2013-2014, et un maintien de ses indicateurs de dette à des niveaux comparables à ceux de ses homologues notés B. Toujours dans la perspective économique, la couverture d’importations atteindra les six mois d’ici à 2018, contre 2,3 mois à fin février 2013. Moody’s a considéré comme peu probable une recrudescence du conflit armé dans l'est mais cette partie du pays restera encore marquée par des tensions.

Les points intéressants liés aux facteurs capables de contribuer à la hausse ou la baisse de la notation ont été aussi évoqués. Pour espérer évoluer positivement, Moody’s a avancé un total de cinq recommandations. Il s’agit du maintien des investissements miniers pour la hausse des recettes budgétaires, de l’augmentation des réserves de change pour une meilleure résistance aux chocs exogènes, du renforcement des institutions, de la poursuite des réformes budgétaires, y compris celles relatives aux entreprises publiques et autres domaine stratégiques, et enfin du maintien des dépenses d’investissement pour financer la reconstruction des infrastructures de base. Par contre, la notation pourrait directement être affectée par un recul prolongé des prix des matières premières exportées par le pays, une dépréciation brutale du franc congolais (et ses conséquences sur les réserves de change par le biais d’une intervention de la banque), une forte détérioration de l’équilibre budgétaire, et une intensification peu probable de l’instabilité dans l’est de la RDC.

Réagissant à la notation B3 en devises et en monnaie locale pour la RDC, un analyste indépendant a reconnu qu’il s’agit effectivement d’une mauvaise note que l’on appliquerait à un État en faillite. Cependant, les efforts consentis au cours de cette dernière décennie, notamment la mise en œuvre d’une batterie de réformes, l’amélioration du climat des affaires (Itié et Ohada) et l’annulation de la dette extérieure, ont fait progresser positivement les principaux indicateurs du pays.

Laurent Essolomwa