Objets d’art africains : la France t l’Allemagne favorables à l’identification de leur provenance

Jeudi 8 Février 2024 - 10:43

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Un nouveau fonds de 2,1 millions d'euros financera pendant trois ans des recherches visant à déterminer si les objets d'art africains conservés dans les musées nationaux français et allemands ont été obtenus à juste titre.

Alors que le mouvement de « décolonisation » des musées gagne du terrain en Europe, la France et l'Allemagne ont lancé un fonds de recherche de 2,1 millions d'euros pour étudier la provenance des objets culturels africains dans leurs institutions nationales. Le nouveau fonds vise à financer des projets de recherche portant sur des objets culturels provenant de toute l'Afrique subsaharienne. Les anciennes colonies françaises et allemandes telles que le Cameroun et le Togo seront prioritaires. Chaque pays contribuera à hauteur de 360 000 euros par an au fonds triennal, qui fonctionnera sur la base d'une demande de projets. L'initiative a été annoncée par les ministères de la Culture de la France et de l'Allemagne au début du mois. Les formulaires de soumission pour les projets éligibles seront disponibles en ligne jusqu'au 30 avril. "La première année sera expérimentale", précise Julie Sissia, chef de projet scientifique du fonds et chercheuse au Centre Marc Bloch. "Nous avons donné le moins de contraintes budgétaires et thématiques possibles pour les critères d'éligibilité afin de rester le plus ouvert possible", précise-t-elle. Pour bénéficier d'un financement, les projets doivent comporter une équipe institutionnelle franco-allemande, entretenir des relations étroites avec un partenaire en Afrique et porter à la fois sur la recherche muséale et universitaire, explique Julie Sissia. 

Un engagement croissant en faveur de la restitution des oeuvres en Europe

Les musées d'Europe et d'Amérique du Nord sont de plus en plus sollicités pour revoir leur approche des objets culturels indigènes et coloniaux en leur possession. La France et l'Allemagne travaillent  en bonne intelligence à la mise en place d'un cadre pour la restitution d'objets africains, une question qui est devenue une nouvelle priorité pour les décideurs politiques nationaux. En France, l'impulsion a été donnée après un discours prononcé en 2017 par le président Emmanuel Macron, dans lequel il promettait de rétablir des relations avec les anciennes colonies de la France en Afrique subsaharienne. Selon lui, la restitution ou le prêt d'objets africains détenus dans des institutions culturelles françaises était une  "priorité absolue" pour son administration. "Le patrimoine africain ne peut pas être prisonnier des musées européens", avançait-il après son voyage au Burkina Faso, au Ghana et en Côte d'Ivoire. La France a restitué vingt-six objets d’art au Bénin en 2021, mais les efforts de restitution se sont enlisés ces dernières années, une loi visant à établir un cadre pour la restitution des objets d'art africains ayant été bloquée par le Parlement à la fin de l'année dernière.

L'Allemagne a également progressé dans ce domaine en signant un accord pour la restitution de centaines d’objets connus sous le nom de "Bronzes du Bénin", qui avaient été pillés par une expédition coloniale britannique. Jusqu'à présent, Berlin a restitué au Nigeria une vingtaine de bronzes qui étaient auparavant exposés dans les musées nationaux allemands. La collection nationale allemande possède l'un des plus grands nombres d'objets africains au monde. Selon Julie Sissia, le nouveau fonds franco-allemand permettra également de mener de nouvelles recherches sur la circulation des objets culturels en provenance d'Afrique, en mettant en lumière la manière dont les objets traversent les frontières par l'intermédiaire de marchands d'art et d'institutions culturelles internationales.

Noël Ndong

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