ONU : le Conseil de sécurité condamne toute négation du génocide rwandais

Jeudi 17 Avril 2014 - 13:12

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Une résolution condamnant la négation du génocide de 1994 a été adoptée le 16 avril par le Conseil de sécurité des Nations unies, quelques jours seulement après la commémoration du vingtième anniversaire de ce massacre qui avait fait plus de 800 000 morts, principalement des Tutsis, mais aussi des Hutus modérés et d’autres personnes opposées au génocide

Dans cette résolution adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité souligne qu’il importe désormais de tirer les leçons de ce génocide. Il invite instamment les États membres à se doter de programmes éducatifs pour graver dans l’esprit des générations futures les leçons du génocide. Le conseil salue « les efforts déployés par les États membres pour mener des enquêtes et poursuivre toutes personnes accusées de ce génocide » et demande à tous les États de coopérer avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le mécanisme international chargé d’exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux, et le gouvernement rwandais afin d’arrêter et de traduire en justice les neuf fugitifs restants mis en accusation par le TPIR.

Les membres du conseil demandent aux États d’enquêter sur les faits, d’arrêter, de poursuivre ou d’extrader « tous autres fugitifs accusés de génocide qui résident sur leur territoire, y compris les dirigeants des FDLR » (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda). Enfin, ils demandent « aux États qui ne l’ont pas encore fait d’envisager, à titre hautement prioritaire, de ratifier la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ou d’y adhérer et, au besoin, de se donner chacun des lois en exécution des obligations découlant de ladite convention. »

La résolution relative au génocide rwandais a été adoptée par le Conseil de sécurité pour marquer la commémoration du vingtième anniversaire de ce massacre. À cette occasion, le vice-secrétaire général des Nations unies, Jan Eliasson, a rappelé que cette tragédie était « l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine. »

« Alors que nous commémorons le vingtième anniversaire du génocide, nous rendons aussi un hommage spécial à l’impressionnant travail des Rwandais pour se relever et se réconcilier », a-t-il souligné. Selon lui, le Rwanda est l’un des rares pays à avoir établi une institution chargée de prévenir le génocide.

Jan Eliasson a rappelé qu’aucun pays n’était à l’abri de ce type d’atrocités. « Toutes les sociétés doivent donc évaluer leur vulnérabilité et travailler à tous les niveaux pour renforcer la résilience, la tolérance et la vigilance pour détecter les signes avant-coureurs des crises de cette nature », a-t-il dit. Et de souligner que les conflits actuels en Syrie, au Soudan du Sud et en République centrafricaine montraient que les efforts pour protéger les populations à travers le monde contre les atrocités restaient incertains. Aussi Jan Eliasson a-t-il appelé tous les États à assumer leur responsabilité de prévenir le génocide et d’autres atrocités, de protéger et de promouvoir les droits humains, et de soutenir la diversité de la société civile.

De son côté, l’ancien représentant permanent de la Nouvelle-Zélande, Colin Keating, qui occupait en avril 1994 la présidence du Conseil de sécurité, a, dans son discours, présenté des excuses pour n’avoir pas pris des mesures drastiques pour arrêter le génocide rwandais. « Ma première responsabilité aujourd’hui est de commémorer le souvenir des victimes, qui ont été près d’un million à mourir, et des survivants. Cette réunion fournit également une occasion propice pour moi, en ma qualité d’ancien président du conseil, de présenter mes excuses pour ce que nous n’avons pas réussi à faire en 1994 et pour que cela soit officiellement inscrit dans les documents officiels du Conseil de sécurité », a-t-il conclu.

Nestor N'Gampoula