Partenariats : les ONG préoccupées par le financement du développement

Samedi 14 Mars 2015 - 11:45

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À la veille de la réunion du conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) prévue le 16 mars à Bruxelles (Belgique), les ONG tirent la sonnette d'alarme sur le calendrier du second semestre de l'année, qui regoupera de juillet à décembre trois évènements clés imbriqués les uns sur les autres, notamment le financement du développement, la recherche de financements privés.

Le chargé de plaidoyer au Secours catholique Grégoire Niaudet, prévient: "si le premier est décevant, il y a peu de chances que les deux autres accords soient ambitieux", prévient d’emblée Grégoire Niaudet, chargé de plaidoyer au Secours Catholique. Le premier rendez-vous aura lieu en juillet à Addis-Abeba en Ethiopie.  Il s'agit de la 3ème conférence internationale sur le financement du développement. Le second, se tiendra en septembre. Il doit fixer les prochains « objectifs de développement durable [ODD] » appelés à remplacer les Objectifs du millénaire (OMD) dans le cadre onusien. Enfin la conférence Paris Climat 2015 clôturera la série en décembre.

Parmi les enjeux, on peut retenir au premier rang, la mobilisation des fonds nécessaires au financement du développement, en termes de calendrier et de priorités. Grégoire Naudet pense que "le contexte global n’est pas très bon ", les États étant endettés et manquant de ressources. Pour palier  au contexte, il invite à trouver des financements innovants, tout en faisant "attention à la financiarisation à outrance".

L'austérité ne mobilise pas à verser l'aide au développement

Dans un document de travail de la conférence d’Addis Abeba, le Royaume-Uni a ainsi insisté sur le fait qu'il fallait mobiliser les ressources du privé, et faciliter l’accès à la finance pour les femmes et les habitants des pays en développement. Le Canada appelle de son côté à développer des partenariats public-privé, qui représenteraient "une part essentielle de la solution face au financement du développement ".

Le risque du recul de l'aide au développement pour les pays les moins avancés

Certains experts en développement jugent cette pléiade de propositions dangereuses, risquant de donner aux États l'opportunité de "s'affranchir de l'objectif de consacrer 0,7% de leur revenu national brut au financement du développement, alors que nombre d'entre eux s'y sont engagés et ne le font pas". Ils voient en l'augmentation de l'action du privé un risque " d’orienter l’aide vers les pays émergents plutôt que les pays les moins avancés, parce que les projets y sont les plus rentables en raison d’un niveau de croissance et de consommation déjà bien installé". L’Ocde rappelle que l’aide au développement aux pays les moins avancés est en recul : "elle a chuté de 5,6 % en 2013, alors que le montant total alloué au développement progressait". Le groupe d’ONG Coordination Sud plaide pour l'affectation de la moitié de l’aide aux pays les moins avancés.

Pour de nombreux acteurs du développement,  si la problématique des financements innovants est certainement importante, elle risque de dissimuler d'autres enjeux, notamment la question de la lutte contre l'évasion fiscale, qui sera au coeur du débat à Addis-Abeba. "Tout le monde, y compris la France, fait des grands discours sur le fait qu'il faut lutter contre l'évasion fiscale.  Maintenant nous attendons des engagements et des actes", a indiqué Christian Reboul d'Oxfam.

Noël Ndong