Parution : « Les mélodies que fredonnent mes cicatrices » de Fernande MondeleJeudi 5 Juin 2025 - 20:19 À seulement 21 ans, Fernande Mondele s’impose déjà comme une figure singulière de la littérature congolaise. Avec une plume à la fois douce et incandescente, elle dévoile dans son recueil « Les mélodies que fredonnent mes cicatrices » une poésie de l’intime, où chaque mot semble effleurer les douleurs muettes pour mieux les sublimer. Ce livre de 58 pages paru cette année aux éditions Jets d’encre n’est pas un simple recueil de textes. C’est un cœur à vif, tendu vers l’universel.
À travers cette œuvre empreinte de sincérité et d’une sensibilité à fleur de peau, son message est clair : il faut apprendre à écouter ses blessures. Non pour s’y complaire, mais pour les faire chanter, les transformer en mélodies. Chaque page devient alors un lieu de guérison, une partition écrite avec les tripes mais jouée avec une grâce étonnante. « Pauvre âme, perdue dans l’oubli, telle une bougie éclairant tes nuits, tentant de t’offrir chaleur et réconfort, elle s’est consumée, lentement, sans retour. Voyant tes regards se perdre ailleurs, elle s’est éteinte, rongée par la douleur, réalisant enfin que ses efforts étaient vains, ne pouvant sauver celui qui s’égarait sans fin», peut- on lire dans un extrait de l’œuvre Ce qui soulève l’émotion, c’est aussi sa capacité à faire dialoguer le particulier et l’universel. Elle parle d’elle, mais aussi de toutes celles et ceux que l’on n’écoute pas. Elle évoque le poids des injonctions sociales, la solitude dans les espaces les plus peuplés, le corps en tant que mémoire des douleurs, mais aussi en tant que lieu de renaissance. Son écriture est une tentative de réconciliation avec soi, avec les autres, avec le passé. Dans un Congo souvent traversé par les convulsions politiques et sociales, sa voix incarne une autre urgence : celle d’exister pleinement, dans sa complexité, au-delà des étiquettes et des assignations. Portrait d’une jeune plume qui frappe fort Née à Brazzaville, Fernande Mondele a grandi entre les mots de ses aînés tels Sony Labou Tansi, Véronique Tadjo, Léonora Miano et la brutalité parfois muette du réel. Très jeune, elle se réfugie dans les carnets, les marges de ses cahiers d’école, où elle apprend à traduire en mots ce que son entourage n’ose formuler. Féministe sans slogans, poétesse sans maniérisme, elle dit simplement ce qu’elle ressent. En mêlant fragments de vie, chants intérieurs et cris retenus, elle s’inscrit dans une nouvelle génération d’écrivains africains qui refusent la superficialité. Sa voix est jeune, mais son regard est ancien. « Les mélodies que fredonnent mes cicatrices » est le début d’une œuvre, d’une présence littéraire qui ira loin. Et, dans ce monde saturé de vacarme, c’est déjà un acte de courage. Fernande réside actuellement en France où elle poursuit ses études supérieures dans le commerce. Divine Ongagna Légendes et crédits photo :La couverture du livre / DR Notification:Non |