Patrimoine : le pont en liane, un symbole du génie créateur dans la Lékoumou

Lundi 18 Août 2014 - 17:54

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Installé sur la rivière Ogooué qui sépare la Lékoumou des Plateaux, le pont en lianes, long de 74 mètres et  large de plus d’un mètre, est depuis plusieurs années à l’usage des passagers, pour la traversée de cette rivière. Il est situé à 14 kilomètres de la communauté urbaine de Zanaga.

Connu sous l’appellation de « pont de l’Ogooué », cette passerelle est parmi les chefs-d’œuvre de l’artisanat dans le département de la Lékoumou. Fruit du génie créateur des anciens habitants du district de Zanaga, il avait été érigé pour la première fois au début du XIXè siècle, par des initiés du rite Nkita des familles Nzega et Ntsiba, originaires  du  village  Ogooué. La viabilité de ce pont est assurée par les populations de la localité, avec le soutien des villages environnants. Une fois tous les six mois, le pont est révisé par les populations qui y travaillent parfois quatre jours durant.

 

Il a été érigé pour répondre aux exigences de développement des activités agricoles et de chasse. La rive droite de l’Ogooué, presque inhabitée, est couverte d’une forêt très dense,  constituant une réserve faunique où les chasseurs de la contrée déploient une activité notable. Cette forêt est aussi un milieu de ravitaillement en produits de cueillettes : des fruits sauvages variés et des feuilles comestibles, en l’occurrence le fumbu ou coco, et des produits de la pharmacopée.

 

Le nombre important de personnes qui s’y rendent reconnaissent la valeur intrinsèque de ce pont fait uniquement de lianes et  de bambous entrelacés les uns aux autres. À ces extrémités gauche et droite, les lianes sont doublées et constituent le socle de l’ouvrage. Elles sont rattachées aux deux rives sur des piliers en bois qui soutiennent le pont.  La solidité est également assurée par une fondation de pierres naturelles.

 

Le trottoir est fait de bambous reliés par des lianes entrelacées les uns aux autres, donnant ainsi une forme de tapis beau à voir. À une hauteur d’un mètre cinquante environ de ce « tapis », se trouve de part et d’autre un support qui permet aux usagers de garder leur équilibre pendant la traversée. Une colonne de lianes relie le tapis au pilier d’équilibre, formant ainsi une sorte de couloir permettant aux passagers de traverser tranquillement avec des charges.

 

Pendant la traversée, le pont bouge à l’allure d’une balançoire. Cela provoque une peur aux usagers non-habitués. Mais, pour des raisons non-avancées, les hommes s’opposent à la modernisation de ce pont avec un matériel plus résistant tel le fil barbelé. Sans doute veulent-ils sauvegarder et pérenniser des valeurs ancestrales incarnées par cet ouvrage.

 

Certains récits attribuent à ce pont un côté mystérieux, provoquant  la perte, pendant la traversée, d’objets tels que des outils de travail, de tubercules ou même d’enfant dans l’eau. Les objets perdus se retrouveraient au pied d’un arbre géant, situé dans les environs. Un initié avait alors mission de repérer tout ce qui tombait dans l’eau.

 

Le pont en liane de l’Ogooué, expression du savoir-faire de l’artisanat traditionnel congolais, est inscrit sur la liste indicative du patrimoine national et mérite d’être valorisé, au moyen notamment d’une structure chargée de sa gestion et dotée de moyens adéquats.   

Les Dépêches de Brazzaville, en partenariat avec la DGPA

Légendes et crédits photo : 

Le pont en lianes de l'Ogooué au Congo Brazzaville