Patrimoine : Mbirou, un lieu de mémoire symbolique pour Français, Allemands et Congolais.

Lundi 25 Août 2014 - 16:30

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Dans les premiers jours de la première guerre mondiale, Français et Allemands, accompagnés de soldats africains, s’étaient livrés, le 22 août 1914, à une violente bataille pour le contrôle du poste avancé de Mbirou, sur la rivière Sangha. Ce village congolais est devenu un lieu symbolique pour la mémoire commune où, 100 ans après, une stèle a été inaugurée vendredi dernier.   

Le 5 août 1914 éclatait en Europe la première guerre mondiale dont les atrocités ne se sont pas limitées à la seule Europe. Au Congo alors sous domination française, Allemands et Français, soutenus chacun par des Africains acquis à sa cause, se sont affrontés violemment à Mbirou, dans l’actuel département  de la Sangha. Cet affrontement avait fait plusieurs victimes, notamment du côté français. 

La nouvelle de l’état de guerre entre les deux protagonistes fut confirmée le 16 août 1914 par une source française, grâce à une correspondance, datée du 1er août, émanant des autorités françaises de Brazzaville. Au cours d’une réunion, l’administration de Ouesso en fut informée.  Le lieutenant-gouverneur de la colonie transmettait des ordres formels: « Évacuer Ouesso et n’y laisser qu’un collaborateur et quelques gardes ».

Un plan d’attaque fut alors élaboré qui visait d’attaquer en premier l’ennemi allemand, afin de reconquérir toute la Sangha. Le commandant français disposait pour cela  d’une quarantaine de miliciens et de vingt-deux Européens, six fonctionnaires de Ouesso, six commerçants de la localité, auxquels se sont ajoutés dix autres Européens arrivés de Nola et de Salo, en plus d’une centaine de partisans indigènes. Avec ces forces, il était certain de donner l’assaut sur Mbirou et surtout repousser les positions allemandes.

L’attaque fut programmée la nuit du 21 au 22 août par deux détachements. Le premier composé de 20 miliciens et de 44 indigènes, était placé sous le commandement d’Hubert Decharnace, ancien lieutenant, agent de la Compagnie forestière de Haut-Oubangui. Ce détachement attaqua le poste allemand de Mbirou par la rive allemande de la Sangha.

Le second détachement formé par  seize Européens, dix autres miliciens et quelques indigènes attaquait Mbirou par la rive droite, à bord du navire le « ngoumbou ». Il était commandé par Gruyer, l’agent spécial de la circonscription.

La suite des événements montrait que du côté allemand, des dispositions étaient prises pour évacuer Mbirou dès le premier signe d’attaque française. Sans perdre de temps, le chef du poste de douanes allemand de Mbirou envoyait une pirogue à Ikélemba, annonçant au chef de cette station l’attaque de son poste par les Français. Il prenait donc toutes les dispositions pour effectuer un repli dès le premier coup de fusil. De son côté, le chef de la station d’Ikélemba, Young, alerté par le courrier rapide, embarquait une quarantaine de miliciens sur le « Bonga » et le « Zeune».

Mais, il apparait par la suite que les français étaient tombés dans un piège. Au premier coup de feu, le douanier allemand de Mbirou quitte le poste. Et Gruyer, le chef du détachement « de la rive droite » donne l’ordre de descendre le fleuve à la poursuite du douanier allemand. Mais à 15 mn, les forces françaises apercevaient des bateaux allemands, venus d’Ikélemba à l’assaut des forces françaises et prêter main forte au poste de Mbirou. N’ayant pas prévu pareille riposte de l’ennemi, les troupes françaises étaient prises de panique.

Elles s’étaient tout de même réorganisées rapidement, contraignant  les bateaux allemands à faire demi-tour. Ce repli interprété par les Français comme une fuite, alors que les allemands s’étaient divisés en deux détachements. L’un resté à bord des bateaux attaqua les assiégeants par le fleuve et l’autre par la forêt, prenant ainsi les Françaises dans deux feux. Leur bateau ayant manifesté des difficultés de démarrage obligeait alors les combattants à livrer un combat particulièrement farouche face aux Allemands. Une bataille qui était un vrai sacrifice, car les pertes humaines étaient énormes.

Les Dépêches de Brazzaville, en partenariat avec la DGPA