Photographie : le ciel de saison de Baudouin Mouanda

Jeudi 16 Juillet 2020 - 20:06

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Il suffit de 120 mètres carré d’une cave inondée et d’un trait de génie pour faire des inondations de la saison des pluies une véritable œuvre artistique.  Baudouin Mouanda, un photographe à découvrir de toute urgence.

Lorsque le regard se pose sur « Le ciel de saison » de Baudoin c’est un joli ciel qui nous tombe sur la tête, un ciel lumineux qui éclaire le talent immense de cet artiste photographe. Artiste parce qu’il l’est jusqu’au bout des ongles, photographe parce qu’il a fait de la photo une passion depuis l’âge de treize ans. Et le regard de s’interroger : «  Photographies ou peinture » ? La question est légitime tant cette collection de trente-cinq photographies est dotée d’une mise en scène sublime de la saison des pluies à Brazzaville, de couleurs saisies sans lumière artificielle, d’une éblouissante précision picturale. Et le regard de s’interroger toujours : «  Un tel artiste ici, dans notre pays, au Congo ? ».  Oui un talent rare, voire unique,  celui d’un artiste né à Ouesso le 22 juin 1981.

« Le ciel de saison »  naît des dernières pluies, bien avant la saison sèche, il nait des trombes d’eau qui inondent les 120 mètres carrés d’une cave, au sous-sol d’un bâtiment de Brazzaville promis bientôt à un Espace culturel, un projet dont Beaudoin a déjà posé la fondation pour une ouverture prochaine. Ce n’est plus une cave mais une sorte de lac où voguent les forces créatives de l’artiste qui en fera une sorte de studio Hollywoodien pour mettre en scène d’étonnants tableaux. Une œuvre véritable,  travaillée d’arrache-pied et les pieds dans l’eau  « à la faveur » de deux mois de confinement pendant la lutte contre la pandémie qui sévit en République du Congo. Les murs du sous-sol sont repeints pour servir de toile de fond, devant ces murs les gens du quartier, dans leurs propres rôles, viennent jouer les modèles, mobiliers et accessoires viennent se fondre dans ce décor d’un autre monde aux lumières naturelles  pour saisir la réalité après qu’un ciel de pluie à torrent se serait abattu sur la ville.  Les clichés qui en ressortent sont époustouflants et nous voilà transportés à la table de « Chez Mâ Marie » marchande de fruits et légumes ou encore près d’un fil à linge ou d’un tableau noir d’école.

Déjà exposé dans de nombreux pays, prix et récompenses à la clé,  le photographe auteur de « Le ciel de saison »  est l’objet d’un film documentaire relatif à ce travail en sous-sol après avoir été en 2013 le sujet d’un film portrait «  Congolèse Dreams »  réalisé par Philippe Cordey et produit par la chaîne Al Jazeera. Il n’y a aucun débat possible, Baudoin Mouanda est l’un des plus grands artistes de Brazzaville, voire le plus grand, le plus majestueux.  A peine  « Le ciel de saison » publié sur les réseaux sociaux que le compte Instagram de ce photographe de génie a explosé en un temps record, les galeristes de plusieurs pays d’Europe mais aussi du Canada l’ont plébiscité pour des expositions. 

 

 

Philippe Édouard

Légendes et crédits photo : 

Le photographe Baudoin Mouanda

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