Piratage informatique : se rapproche-t-on d’une confrontation russo-américaine ?

Lundi 12 Juillet 2021 - 13:30

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Alors que les Etats-Unis attribuent les attaques informatiques dont ils font l’objet avec demande de rançon à des pirates russes, sans que Moscou ne persuade ses compatriotes à les stopper, il faut craindre que le gouvernement américain prenne des mesures de représailles même si pour l’instant il ne rend pas les autorités russes directement responsables de ces cyberattaques. Une inquiétude exprimée partout puisque le sujet avait été amplement évoqué à la mi-juin lors du mini-sommet Biden-Poutine à Genève.

Jusque-là, Washington semble faire preuve de tempérance et en profite pour en appeler aux sens des responsabilités des Russes, pour ne pas que ces cyberattaques affectent leurs relations bilatérales. Le président américain a demandé la semaine dernière à son homologue russe, Vladimir Poutine, d’agir contre les pirates qui agissent dans son pays. Selon un communiqué, Joe Biden lui a dit que son gouvernement s’attend à ce qu’il « prenne des mesures contre ceux qui mènent des opérations de piratage avec demande de rançon, quels qu’en soient les auteurs, même si ces attaques n’émanent pas de l’Etat ».

Outre les Russes, Washington s’en prend également à des hackers informatiques chinois, nord-coréens, ukrainiens, indonésiens et autres qui agissent contre certains services aux Etats-Unis. « Nous soupçonnons UNC2630 d’opérer au nom du gouvernement chinois et d’avoir des liens avec APT5 », un groupe de hackers connu pour être lié aux autorités de Pékin, indique, par exemple, un récent rapport du consultant en sécurité informatique Mandiant.

Même si Moscou nie toute responsabilité, les attaques décriées sont perçues comme des provocations à l’adresse de Joe Biden qui, lors de sa rencontre avec son homologue russe à Genève le 16 juin, avait promis de réagir si la Russie dépassait les bornes. En attendant, la nouvelle série de cyberattaques liées à la Russie, qui mettent à l’épreuve la fermeté affichée par le président américain durant le mini-sommet préoccupe les dirigeants américains. C’est pour cela que le locataire de la Maison-Blanche vient de réunir plusieurs hauts responsables du renseignement, de la diplomatie, de la justice ou encore de la sécurité intérieure, pour discuter de la stratégie de son administration à ce sujet.

Joe Biden dispose de plusieurs options pour agir

Pour l’heure, personne ne sait comment Washington entend régler la question des cyberattaques. On sait néanmoins qu’il travaille sur plusieurs fronts : attaquer « l’infrastructure des rançongiciels, engager la responsabilité des pays qui abritent des pirates », suivre les flux de cryptomonnaies et créer une stratégie cohérente sur le versement ou non des rançons, selon la Maison-Blanche. En mai dernier, les Etats-Unis ont procédé, sans s’attribuer cette action, à la neutralisation des serveurs du groupe DarkSide, à l’origine de l’attaque contre Colonial Pipeline.

Au sortir d’une réunion consacrée à la problématique des cyberttaques, la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, n’a pas voulu divulguer la démarche arrêtée par son pays pour contrer les menaces. « Il n’est pas dans notre intérêt de révéler nos coups à l’avance », indique-t-elle. Le président dispose « d’un large éventail d’options », précise Jen Psaki après que son pays a été frappé par de nombreuses attaques au « rançongiciel » ou « ransomware », qui consistent à s’introduire dans les réseaux d’une entité pour crypter ses données, puis à réclamer une rançon, le plus souvent en bitcoins, en échange de la clé de déchiffrement.

Parmi les cybertaques de ces dernières semaines, l’une des plus spectaculaires a visé la société américaine d’informatique Kaseya, affectant jusqu’à 1.500 entreprises. Les victimes ont été identifiées dans 17 pays à travers le monde. Une opération revendiquée par un groupe de hackers russophones connu sous le nom de REvil, qui a réclamé 70 millions de dollars.

Aux Etats-Unis, la question revient sur toutes les lèvres : la population souhaite que le président américain manifeste « une détermination assez forte pour changer le cours des choses » comme l’a dit l’élu républicain à la Chambre des représentants, Warren Davidson, qui reproche à Moscou d’offrir « un sanctuaire » aux hackers. « Poutine n’arrêtera pas ces criminels sauf s’il sait qu’il s’expose à des conséquences réelles et graves s’il ne fait rien », avance un groupe de représentants républicains dans un communiqué. Et des experts jugent également qu’il est temps, pour Washington, de réagir.

 

Nestor N'Gampoula

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