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Samedi 1 Février 2014 - 9:15

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Les déboires conjugaux de M. François Hollande ont remis au centre de l’actualité l’expression « première dame ». Du moins en France. Car, en Afrique, aucun pays n’a de problème particulier avec cette expression, ni avec ce qu’elle recouvre

Le continent a ses coutumes : un président ne s’entend qu’avec une « maman présidente » à ses côtés. Légitime ou pas, la conjointe d’un président jouit de la déférence quasi automatique des citoyens, et aucun statut juridique particulier n’est nécessaire pour ce respect. Si l’expression « Madame la présidente » n’a pas résisté à l’usure du temps, l’Afrique a su entourer et la personne et le statut (tacite) de la conjointe du premier citoyen d’un pays d'égards comme seule l’Afrique sait en accorder.

« Madame la présidente » semble avoir peu à peu été délaissé dès lors qu’aujourd’hui l’Afrique compte pas moins de trois femmes chefs d’État : la Libérienne Hellen Johnson-Sirleaf, la Malawite Joyce Banda, et, nouvellement élue, la Centrafricaine Catherine Samba-Panza. Sans parler de la présidente de la Commission de l’Union africaine, la présidente Nkozazana Dhlamini-Zuma, qui siège à Addis-Abeba. À toutes ces dames va de droit le titre de « Madame la présidente » sans référence aucune à leurs conjoints éventuels.

C’est pourquoi l’Afrique, en la matière, reste dans la cohérence. Une femme-mère, dans les deux Congo, revêt le statut très respectueux de « maman ». Et la conjointe d’un chef d’État, du fait qu’elle est supposée être la mère de tous les citoyens, sans condescendance, est également appelée « maman ». Pas d’embarras de langage, donc, pour les conjointes des présidents africains. Elle ne sont ni « first ladies » (premières dames), ni « first girlfriend » comme le cas de M. Hollande a commencé à en suggérer l’usage pour la dame qui a partagé ses deux premières années de présidence à l’Élysée.

« Première dame » n’est donc pas une expression adaptée à l’Afrique. Le continent reconnaît ici et là la pratique de la polygamie ; attribuer à une épouse plutôt qu’à une autre le statut de première dame c’est traiter par le dédain les co-épouses. En Afrique du Sud, au Lesotho, au Tchad, où les présidents sont dans ce type de situation légale, cela créerait des cas d’irrespect. Non, résolument, « première dame » sonne comme une notion étrange dans l’Afrique des traditions.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta