Presse : vers le changement du statut juridique des médias publics

Jeudi 4 Mai 2023 - 16:30

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Le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Thierry Lézin Moungalla, a plaidé le 3 mai en faveur de la transformation des statuts juridiques des médias d’Etat, notamment la télévision nationale et la radio en établissements publics à caractère industriel et commercial.

Le ministre s’exprimait à l’occasion de la célébration de la 30e Journée internationale de la liberté de presse. Il a également sollicité l’octroi d’une enveloppe d’urgence aux médias d’Etat. La cérémonie a été initiée en soirée par les organisations des professionnels des médias, en présence du Premier ministre, Anatole Collinet Makosso; du coordonnateur résident des agences du système des Nations unies en République du Congo, Chris Mburu; et des représentants du Conseil supérieur de la liberté de communication.

« Notre presse est en danger de mort et qu’il convient de disposer des ressources nécessaires. Il y a un travail qui est fait au niveau du ministère pour les médias publics. Il a commencé avec la transformation du statut juridique de l’imprimerie nationale.  Nous allons, à l’imitation de ce qui s’est fait, donner l’autonomie aux médias publics de manière à leur permettre de trouver eux-mêmes des financements. Ce sera un progrès parce que nous pourrons à ce moment-là, avec les managers, trouver des voies et moyens d’assurer le fonctionnement et la croissance de ces médias », a plaidé Thierry Lézin Moungalla. Il a sollicité l’octroi d’une enveloppe d’urgence à la presse publique qui est minoritaire, selon lui.

Annonçant la présentation dans quelques semaines dans le circuit décisionnel du gouvernement des projets visant à faire de la télévision et de la radio des établissements publics à caractère industriel et commercial, il a invité les professionnels du secteur privé à s’illustrer comme des vrais chefs d’entreprise.

Des professionnels font entendre leur voix

S’agissant de la célébration de la 30e édition de la Journée de la liberté de la presse, le président du Conseil d’administration de l’Union des professionnels de la presse du Congo, Jean Charles Maniongui, et le directeur exécutif de Journalisme et éthique Congo, Arsène Severin Ngouéla, ont peint, chacun à sa manière, le tableau peu reluisant de la presse congolaise avant de solliciter l’accompagnement de la presse privée par les pouvoirs publics. En effet, en dépit d’un cadre juridique favorable et de la dépénalisation du délit de presse, les journalistes congolais font face aux menaces et pressions de toute part. « La liberté de la presse, c’est aussi les conditions matérielles, nous avons l’arsenal juridique mais il manque les conditions de travail. Face à la précarité, les autres sont obligés de rechercher comment vivre. La presse privée nous pose beaucoup de problèmes. Si hier, les journaux étaient des propriétés des journalistes, aujourd’hui, les chefs d’entreprise de presse sont soit un homme politique, un militaire ou un haut fonctionnaire. Ces gens-là font de la presse un plateau de règlement de comptes en tirant sur les uns et les autres ; les journalistes tombent facilement dans ces jeux », a déploré Jean Charles Maniongui.

« La liberté de la presse n’est pas une exclusivité des journalistes »

Rendant publique la déclaration de la directrice générale de l’Unesco, la représentante de cette agence onusienne au Congo, Fatoumata Barry Marega, a salué les efforts du gouvernement, du Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC), des acteurs et partenaires qui ne ménagent aucun effort pour assurer l’effectivité des libertés d’expression des médias en République du Congo. Elle a, par ailleurs, réaffirmé l’engagement de son institution dans le renforcement des capacités des professionnels des médias. Le but étant d’assurer la production d’informations viables et de qualité? susceptibles de renseigner utilement et de contribuer aux efforts du Congo pour l’atteinte des Objectifs de  développement durable à l’horizon 2023.

Prenant acte des doléances formulées, le chef du gouvernement a rappelé que la liberté de la presse n’est pas une exclusivité des journalistes, mais un besoin pour tous parce que la liberté est l’élément déclencheur de la révolution universelle des droits de l’homme. Se disant défenseur de la liberté de la presse, Anatole Collinet Makosso a souligné la nécessité de lutter contre les délateurs de la société. « Il est hors de question que l’on donne une valeur marchande à la délation, à l’insulte et à l’invective. Un journaliste est libre de dire ce qu’il constate dans la société, il est libre de rapporter le mal de la société. Il dénonce le mal social et non l’homme social parce qu’il n’a aucune preuve attestant que la personne incriminée est réellement coupable ou auteur des faits qui lui sont imputés. On donne aux journalistes de rendre même un innocent coupable, ce qui est grave. Il vaut mieux, au nom de la liberté, laisser un coupable impuni que punir un innocent », a conseillé le Premier ministre.

Notons que la célébration de la Journée de la presse par les organisations des professionnels des médias a, en quelque sorte, clos l’incident créé par le CSLC la veille, en reportant sine die l’événement pour des raisons peu convaincantes.  

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

1-Le Premier ministre en compagnie du ministre de la Communication, du coordonnateur du système des Nations unies et de la représentante de l'Unesco/DR 2-Thierry Moungalla s'adressant aux journalistes/DR

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