Protocole de Maputo : les professionnels des médias appelés pour sa vulgarisation

Jeudi 1 Avril 2021 - 17:28

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L'invite est des organisateurs du forum national sur l'imprégnation des hommes et des femmes des médias en DSSR sur le thème : " Risques des avortements clandestins".

C'était le 31 mars à l'issue d'atelier organisé par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et l'environnement (REMAPSEN/RDC). L'objectif de cet atelier qui a réuni 25 participants venus du monde des medias, de la société civile et des ministères techniques, est de permettre dans une interaction avec les autres organisations  de la société civile et le pouvoir public  aux journalistes d'appréhender les questions de droit en matière de santé sexuelle et reproductive ( DSSR) et les enjeux de l'avortement sécurisé en RDC. Et cela , pour mieux informer la population et pousser les décideurs congolais à l'action.

Dans sa présentation, Dr Rachel Yodi, experte et conseillère en planning familial au programme national de santé de la reproduction, a révélé que chaque année 22 millions des grossesses aboutissent à un avortement non sécurisé au monde. Les avortements clandestins provoquent l'infirmité de 8 millions des femmes et le décès d'au moins 50.000 femmes, selon l'OMS.

La RDC, a-t-elle fait savoir, n'échappe pas à cette réalité. A en croire Dr Rachel Yodi, les avortements clandestins en RDC représentent la deuxième cause de mortalité maternelle. Ces avortements, a-t-elle indiqué, sont faits généralement dans des conditions non sécurisées. Les victimes sont souvent les femmes en âge de procréer y compris les adolescents. Selon une étude menée par l'école de santé publique en 2016, on enregistre par jour dix-sept avortements non sécurisés par heure.

Pour mettre fin à cette pratique, la RDC a ratifié en 2018 le protocole de Maputo qui, dans son article 14 alinéa 2, fixe les indications  d'accès aux avortements sécurisés. Il s'agit notamment dans le cas où il y a eu agressions sexuelles, le viol et l'inceste, la grossesse mettant en danger la vie de la mère, la vie du fœtus, l'avortement sécurisé. Ceci ne doit se faire que dans des cadres des soins appropriés qui se résument par le personnel qualifié et les pratiques selon les normes reconnues par l'OMS. C'est ici, a martelé l'experte en planification, le rôle des médias dans la vulgarisation de cette disposition pour que la vraie information soit portée à la population pour le changement des comportements. 

Dans son mot de circonstance, Prince Yassa, coordonnateur de REMAPSEN/RDC, a rappelé que,  en RDC, une enquête menée à l'Université de Kinshasa, en collaboration avec Guittmacher Institute dans la capitale Kinshasa, a estimé  à 146.000  le nombre  d'avortement. Cela représente un taux d'avortement de cinquante-six pour mille femmes en âge de procréer, signe d'une pratique très fréquente dans la capitale, conclut cette étude. Pourtant, a-t-il souligné, l'interruption volontaire de grossesse en RDC est punie d'un emprisonnement  de cinq et dix ans pour la femme et entre cinq et quinze ans pour celui et celle qu'il a aidée 

Cependant, ces peines appartiennent théoriquement au passé depuis la parution dans le journal officiel du protocole de Maputo en mars 2018 auquel la RDC a ratifié. En attendant la révision du Code pénal congolais, l'article 14 du protocole de Maputo devra être appliqué sans détour . C'est ce que rappelle la circulaire n`04/SPCSM/ CFLS/EER/2018 du 6 avril 2018 du président de la Cour constitutionnelle et  président du conseil supérieur de la magistrature.

Cette circulaire, a fait savoir le coordonnateur du REMAPSEN,  demande aux chefs des juridictions et officiers des parquets de procéder à l'application immédiate de l'article 14 du protocole de Maputo sans attendre la révision du code pénal congolais. Pourtant, a-t-il noté, cette disposition reste largement méconnue et nombre de femmes continuent de se faire avorter dangereusement même quand elles sont éligibles aux dérogations du protocole de Maputo. A l'issue de cette formation, plusieurs options ont été levées en ce qui concerne la manière dont cette question sera abordée par les professionnels des médias.

Blandine Lusimana.

Légendes et crédits photo : 

Photo de famille des participants /Adiac

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