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Quand la culture du « bonus » trouble la dot !

Samedi 26 Novembre 2022 - 11:21

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Il y a à peine quelques années, la transformation de la dot par la famille de la future mariée en un fonds de commerce était dénoncée. Ici et là lors des célébrations des cérémonies de dot, on assistait au brandissement sans fin des listes de biens qui n’en finissaient pas, et que le futur époux était contraint d’en remettre à la belle-famille. Aujourd’hui, cette culture en a produit une autre, celle du « bonus » dans la dot.

Alors, c’est quoi ce « bonus » en matière de dot ? En des termes simples, c’est un excédent de biens et d’argent que le marié offre publiquement à la belle famille. Or, l’allure que prend cette culture est quelque peu dangereuse, car le « bonus » en question, dans certaines cérémonies, est en train même de dépasser le volume des biens et la somme d’argent demandés par la belle-famille. Alors si l’on se marie pour devenir une « seule personne », pourquoi donc cette ostentation des biens en public quand on sait que plus on sera ensemble, les biens et autres cadeaux ne cesseront pas de venir de l’époux pour la belle famille ? Encore qu’à côté de ce « bonus », se crée un autre, à savoir « l’homme capable ». C’est cette appellation qui occasionne des mimétismes car s’il n’y pas de « bonus », on n’est pas cet homme capable.

La dot, disons-le, revêt avant tout un caractère symbolique, car doter sa femme n’a jamais été synonyme de l’acheter. En rapport avec l’article 140 du code de la famille congolaise de 1984, encore en application, la dot a bien un caractère de symbole, est aussi facultative et peut être payée en nature, en espèces ou encore sous les deux formes.

C’est en réalité cette culture des longues listes des objets à fournir inventée par des belles-familles qui a fait naître ipso facto la culture du bonus. A dire vrai, cela est très dangereux car par mimétisme, il y a certains futurs époux qui vont jusqu’à contracter des dettes invraisemblables pour arriver à exposer cet excédent le jour J.      

Dans un quartier de Pointe-Noire, une belle-famille est restée ahurie et a refusé publiquement de se soumettre à ce jeu du bonus qui, pour elle, ressemblait au non-respect à son égard. Et cela a mérité des applaudissements d’autres parents qui se voyaient comme « phagocytés » socialement par ceux du futur époux.  

Ce sont, en effet, les parents des futures épouses qui ont poussé des futurs époux à procéder de la sorte, car les listes dressées étaient une pure exagération sociale, qui ne disait pas son nom. C’est ainsi que les futurs époux ont commencé à emboîter le pas en donnant plus.

Que le nouveau code de la famille congolaise tant attendu recadre les choses, car la dot n’a jamais été la vente ou l’achat de la jeune fille. A bon entendeur salut !  

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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