RDC : faillite de l’État comme obstacle majeur à l’exercice des libertés publiques

Vendredi 13 Octobre 2017 - 20:10

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Pour l’Institut pour la recherche en droits humains (IRDH), qui a animé une conférence relevant cette situation au cours de la quelle il a noté que cela était de la responsabilité de chaque citoyen d’exiger le respect des droits garantis, les ONG, les Églises et les partis politiques devraient aider à augmenter la pression sur les dirigeants pour qu’ils respectent et fassent respecter les libertés publiques.

L’IRDH a animé, dans le cadre de l’Observatoire de l’exercice des libertés publiques (OELPU) de l’ONG Humanisme et droits humains (HDH), une conférence sur « la problématique de l’exercice des libertés publiques dans les provinces de la RDC ». L’assise a permis à cet institut de souligner la faillite de l’État congolais face à son obligation primaire de protéger le citoyen, comme l’une des difficultés majeures à l’exercice et la jouissance des libertés publiques. Dans les recommandations, l’IRDH a rappelé qu’il était de la responsabilité de chaque citoyen d’exiger le respect des droits garantis et que les ONG, Églises et partis politiques devraient aider à augmenter la pression sur les dirigeants pour qu’ils respectent et fassent respecter les libertés publiques.

Pour l’IRDH, en effet, la faillite de l’État se manifeste par le fait que les institutions ne fonctionnent plus sur la base de la force des lois qui garantissent les libertés publiques. Par contre, en fonction de la loi du plus fort, les institutions  publiques sont confisquées par des individus qui ont la capacité d’abuser des moyens humains, matériels et financiers de l’État au mépris des lois protégeant l’intérêt commun.

À en croire l’IRDH, la première difficulté qui traduit la situation décriée est celle à agencer les lois et les organes de l’État. « La première difficulté à l’exercice des libertés publiques devient l’incapacité des dirigeants à agencer les lois et les organes. Ils font preuve d’une incompétence inconsciente à comprendre que les institutions publiques ne peuvent être gérées que dans le respect des lois qui garantissent à tous et à chacun les libertés fondamentales », a expliqué cet institut, citant en exemple la mesure prise par les maires des villes et gouverneurs des provinces interdisant des manifestations publiques au motif qu’ils ne les ont pas autorisées, alors que la Constitution prône le régime d’information en cette matière.

La seconde difficulté serait, selon l’IRDH, l’attitude nocive des dirigeants. Il s’agit, a noté cet institut, du comportement conscient mais cynique des dirigeants agissant contre l’éthique des organes de l’État qu’ils gèrent. « Par mauvaise foi, ils désarticulent l’appareil de l’État, dans le but d’en tirer indûment profit, au détriment du bien-être commun », a-t-il expliqué. Pour soutenir cette conception, l’IRDH cité l’exemple du président de la Céni, qui ignorerait ou subtiliserait la contrainte temporelle de la loi électorale, vidant ainsi le sens des élections en les transformant en des simples mirages qui ne seront jamais atteints, ou des membres du gouvernement qui abusent de la police et des services de renseignements aux fin de procéder aux arrestations arbitraires et détentions illégales de ceux qui expriment leurs opinions politiques.

La troisième difficulté est, selon l’IRDH, l’agressivité des dirigeants contre les citoyens. Ce serait, a noté cette structure, l’attaque systématique contre des individus qui croient dans des valeurs démocratiques et tentent d’exercer ou jouir des libertés publiques ainsi garanties.

De la rigueur dans l’action citoyenne

Pour l’IRDH, au regard d’une telle description des dirigeants, des ONG et des Églises devraient renouveler la mobilisation citoyenne pour des valeurs morales. Alors que face à l’ignorance des droits et libertés, cet institut a rappelé que les dirigeants de la société civile et des partis politiques ont la responsabilité de former et informer de manière continue la population de ses droits et libertés fondamentaux. « Il est facile de parler de la violation des droits d’accès aux soins de santé dans les villages, car les villageois souffrent effectivement du manque de centres hospitaliers. La violation du droit d’accès a l’éducation, car effectivement l’État ne construit plus d’école et l’enseignement est devenu un commerce. La violation du droit d’accès à la justice, car des OPJ aux magistrats, tous exigent le paiement cash pour le dépôt d’une plainte ou l’obtention d’un jugement. Le droit à être protégé par la Police nationale, car il y a des coins ou les milices égorgent et pillent au quotidien », a noté l’IRDH.

Par ailleurs, face à la désorganisation de la société civile et des partis politiques, cet institut a appelé les ONG, pour une telle campagne, à veiller à ce que des organisations fantômes ne continuent à démotiver la population meurtrie, en agissant pour leurs intérêts égoïstes, au détriment de la démocratie et l’État de droit. Sur cette lancée, la conférence a encouragé les organisations internationales à ne pas créer ou inciter des ONG fictives, payées dans le seul but de combler des listes de participants aux séminaires chèrement financés par des partenaires financiers. Alors qu’aux partis politiques, l’IRDH a recommandé de lutter contre le phénomène de « transhumance » ou de la « fluidité » qui permet aux politiciens de naviguer, sans vergogne, dans tous les courants politiques, à la recherche des opportunités de se faire recruter pour un poste.

Devant la résignation de la population, l’IRDH a noté que la population ne peut se sentir concernée que si elle voit se manifester dans des personnes qui la mobilisent, le sens des valeurs morales qui tendent les libertés que les lois et instruments internationaux garantissent. Dans cette présentation, l’IRDH a conclu que les ONG et autres groupes de pression ont le devoir de tenir un discours qui correspond avec les attentes morales de la population. « C’est de cette façon qu’elles réussiront une nouvelle mobilisation citoyenne contre des dirigeants véreux », a conclu cette structure.

Lucien Dianzenza

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